
CHAPITRE XIV.
Des Polypes à polypiers.
S E C T I O N IX
Remarques sur les Polypes h polypiers pierreux.
C e t t e classe d’animaux a été pour nous d’un grand intérêt,
d abord comme objet de zoologie, puis sous le rapport géologique,
pour réfuter des assertions émises depuis long-temps sur la formation
de quelques îles de la mer des Indes et du grand Océan.
Sous le premier point de vue, on sait combien cette partie est
peu avancée, et combien de faits manquent pour coordonner ce
qui est relatif à ces animaux et entreprendre leur histoire. Nous
avons parcouru des lieux qui nous ont offert de riches matériaux
pour ce genre de travail; mais lorsqu’il a fallu les mettre en oeuvre,
il s est élevé une foule d’obstacles insurmontables, dans le détail
desquels nous allons entrer, afin que ceux qui, après nous, s’adonneront
à cette étude, puissent les aplanir ou les éviter.
L e premier de tous a été le défaut de temps. Il est vrai que
nous avons fait un séjour de plus de deux mois dans une île convenable
à ces recherches ; mais on doit remarquer que ce n’est
qu’à marée Lasse et par le temps le plus calme, que les polypes
peuvent être étudiés; deux conditions qui ne se trouvant pas toujours
réunies , exigent qu’on ait le loisir de les attendre. Ce qui
porte naturellement à conclure qu’un naturaliste habitant sur les
lieux est le seul qui puisse entreprendre un travail tant soit peu
étendu sur ces animaux.
Il est indispensable que l’observateur sache dessiner; car presque
toujours dans l’eau jusqu’à mi-jambe et même jusqu’à la ceinture ,
attentif à épier l’instant où l’animal qu’il examine se développera
dans les positions les plus favorables, il ne pourroit pas avoir recours
à une main étrangère. Cet avantage inappréciable nous manquoit.
C ’est à la bonne volonté, à l’extrême complaisance et au zèle
deM. Taunay, fils du peintre célèbre de ce nom, que nous devons
la planche relative à cette étude.
Parlerons-nous des risques que l’on fait courir à sa santé, en
s’exposant à l’eau, dans quelques contrées et à certaines heures de
la journée , comme à Tim o r, par exemple, où il peut en résulter
des fièvres ou des dysenteries mortelles! Celui qui étudie la nature,
et qui tout-à-coup se trouve transporté au milieu de ses phénomènes
les plus rares, ne tient point compte de pareils inconvéniens :
c’est cependant en négligeant de prendre les précautions convenables,
que l’on contracte quelquefois des maladies qui font perdre
le fruit qu’on auroit pu retirer d’occasions précieuses.
T outes les contrées équatoriales ne sont pas favorables au genre
d étude qui nous occupe. Dans notre voyage, nous n’en avons
rencontré, à proprement parler, que deux : la rade de Coupang à
T im o r, et l’île Guam aux Mariannes. Nous croyons cependant que
le portSud-Est à l’IIe-de-France, que nous n’avons fait qu’entrevoir,
doit être également mis de ce nombre.
Timor est notamment remarquable par ses alcyons et ses tubi-
pores. L à seulement nous avons pu, parmi ces derniers, en recueillir
de vivans qui heureusement se sont conservés dans l’alcool
jusqu’à notre retour, où ils ont été anatomisés. L ’Ile-de-France,
peu pourvue de grands alcyons branchus, si même il y en existe,
est riche en polypiers pierreux, en madrépores sur-tout. Mais c’est
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