
D E S C R I P T IO N
DES MOLLUSQUES T ER RESTRES ET FLUVIATILES.
Nous répéterons,pour ces animaux, ce que nous avons déjà dit
pour bien d’autres productions de la nature, que ce n’est pasen
explorant simplement le littoral qu’on peut s’enrichir d’espèces
nouvelles. C ’est en parcourant les épaisses forets de l’intérieur,
sous leur sombre verdure où règne le plus d’humidité, parmi les
débris pourris de leurs grands végétaux, à l’ombre des rochers,
ou bien dans leurs cavernes toujours fraîches, qu’il faut aller chercher
les coquilles terrestres. C ’est dans les mares, les ruisseaux,
les torrens, à l’embouchure des fleuves, au milieu de leur cours,
mais Lien mieux encore vers leur source, que se trouvent les
mollusques fluviátiles.
Pour les premiers, nous les rencontrions quelquefois sur le
rivage, sans nous enfoncer bien avant, lorsque, selon les localités,
une abondante végétation couvroit les plages où nous abordions,
ainsi qu’on le voit aux Moluques et aux îles des Papous, d’où
proviennent les auricules, que nous prenions tout d’abord sous
les feuilles des arbres. Mais quand la côte, dépourvue en tout ou
en partie d’arbres et de plantes, étoit desséchée par faction d’un
soleil brûlant, nous n’amassions ordinairement que l’enveloppe
décolorée et roulée par les pluies, de l’animal qui avoit péri,
comme aux Mariannes et aux Sandwich. Les hélictères qui viennent
de ces dernières îles n’ont point toute leur teinte naturelle,
parce que nous n’avons rapporté que les dépouilles roulées qui
se rencontrent sur les flancs volcaniques et arides des premières
montagnes. Il eût fallu, pour les avoir dans toute leur fraîcheur
et avec leur animal, parcourir les profondes vallées boisées que
nous ne pûmes qu’entrevoir. Cependant, malgré ces difficultés,
nous avons augmenté le nombre des espèces nouvelles.
II n’en est pas de même pour les mollusques fluviátiles ; et l’on
en concevra facilement la raison d’après ce que nous venons de
dire. En effet, il faut séjourner long-temps dans un lieu pour
pouvoir en parcourir les ruisseaux ou remonter les rivières, qui,
souvent encombrées d’arbres renversés, opposent des obstacles invincibles
aux embarcations. Les torrens des îles élevées des Sandwich
sembloient nous promettre des choses rares en ce genre et capables
de compenser les peines que nous eussions éprouvées à les visiter;
car nous avons vu , par les rivières de file -d e -F ran ce et de l’île
Bourbon, qui coulent en torrens parmi les blocs de basalte, que
c’est là qu’on trouve les mélanies, les nérites épineuses, et la jolie navicelle,
qui, semblable à une crépidule, adhère à la pierre au milieu
du plus fort courant, ou bien se colle aux rochers derrière la
nappe des cascades, comme on le voit à celle de Saint-Paui de l’île
Bourbon.
En général, chaque pays a ses coquilles particulières. Ainsi le
Brésil ases ampullaires, qu’on rencontre par-tout dans les ruisseaux;
et parmi les mollusques terrestres, ses vaginules et son énorme
bulime à bouche rose. L e Port-Jackson, est remarquable par son
genre hélicarion, espèce de limace portant une coquille jaune et
transparente , que nous trouvâmes sous les arbres renversés des
bords de la Nepean. Timor nourrit en abondance son élégante
heüx contraria, et les Mariannes comptent leurs partules, dont trois
espèces que nous avons recueillies portent maintenant ce genre
à cinq.
Nous devons à M. de Férussac la description des espèces que
nous avons rapportées, dont il a fait figurer plusieurs dans son