
le nom de mankirio, nous en apportoient de vivans pour être
mangés. Nous en avons chassé nous-mêmes dans la petite île
Boni. Ils se tiennent dans les lieux humides, volent peu et en
effleurant la terre.
L ’individu que nous décrivons, et qui a vécu plusieurs jours à
bord de ï Uranie, est vraisemblablement une femelle; car nous
avons eu occasion d’en apercevoir un autre de couleur rousse,
qui faisoit entendre une sorte de gloussement, et que nous supposons
être un mâle. L a démarche de cet oiseau est lente ; ses
pieds, placés en arrière, projettent son corps en avant, ce qui
le rend comme voûté.
Sa longueur, du bec à l’extrémité de la queue, est de treize pouces.
Tout son corps est d’un noir brun; cette couleur est un peu plus
claire au ventre et sous ies ailes. Les plumes de la tête , étroites,
effilées, se relèvent un peu en huppe en arrière. L a peau du cou est
presque n u e , brunâtre et recouverte de quelques petits bouquets
de plumes courtes.
Les grandes pennes alaires se réunissent sur une petite queue
ovalaire, convexe , qui ne les dépasse que d’un pouce , ce qui
donne à l’oiseau la forme d’un ovale alongé. L e dos est légèrement
convexe; les plumes qui le recouvrent sont longues et larges. La
tête est petite ; le bec a dix lignes de longueur ; ii est brun, un peu
blanchâtre à la pointe. L a peau qui embrasse la base de la mandibule
supérieure, est noire, et couverte, ainsi que la membrane
qui environne l’oe il, de quelques petites plumes rares. Nous croyons
l’oeil noir.
Les tarses, gros et robustes, ont deux pouces cinq lignes de
longueur ; ils sont recouverts de larges écailles d’un brun très-
foncé, formant un rang en avant et deux rangs en arrière qui se
touchent immédiatement sous les losanges intermédiaires. Les
doigts de ces oiseaux ressemblent à ceux des ménures ; cependant
leur doigt de derrière est proportionnellement plus long ; et
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dans les ménures, les articulations sont plus marquées et comme
noueuses.
Des trois doigts de devant de ce mégapode, celui du milieu, le
plus long, mesure deux pouces; ii est réuni à l’interne par une
membrane assez large, et à l’externe par une membrane très-petite.
Le doigt postérieur horizontal, reposant sur le so l, a dix-huit
lignes de longueur; les ongles, noirâtres, sont planes en-dessous;
quelques-uns ont dans ce sens une ligne blanche au milieu.
Cet oiseau porte le nom du commandant de notre expédition,
M. Louis de Freycinet, à qui nous l’avons dédié.
MÉGAPODE LA PÉROUSE. — M e g a p o d i u s LA PÉROUSE. N.
SassÉGNIAT, en langue mariannaise.
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Megapodius, corpore rufo ; rostro nigricante, apice albido ; collo nudo
subflavo ; tarsibus subflavis.
C e t t e espèce, plus petite que ia précédente, et à tarses moins
élevés, habite l’archipel des Mariannes, où autrefois elle étoit très-
commune. Les anciens habitans lui donnoient le nom de sasségniat.
On nous dit même qu’elle vivoit en domesticité ; mais à présent
cet oiseau n’existe plus dans les îles principales, à Guam et à Rotta;
il faut aller à Tinian pour le trouver ; encore y est-il rare. Nous
devons celui-ci à M. Bérard, qui le tua dans le voyage qu’il fit à
cette île. L a peau colorée de son cou et la couleur un peu moins
sombre de ses plumes indiquent peut-être un mâle.
Ce mégapode est absolument semblable pour la forme à celui
que nous venons de décrire ; mais il n’a que neuf pouces et demi
dans sa plus grande longueur.