
Mais revenant à ces vastes contrées, presque impénétrables, nous
les verrons peuplées d’oiseaux ornés des plus belles couleurs. Chaque
famille a ses localités propres, où elle semble se plaire davantage.
Ainsi les environs de la baie, où les montagnes sont peu élevées,
les bois moins touffus, le terrain cultivé, et où l’on voit des fermes
éparses, sont habités par les jolis guit-guits bleus, les pit-pits verts;
les tangaras, dont le- plumage, d’un beau rouge, contraste avec
la sombre verdure du feuillage ; ceux non moins brillans qu’on
nomme évêques et archevêques ; les très-petites tourterelles; et dans
les jardins, autour des bananiers et des passiflores, bourdonnent
de charmans oiseaux-mouches, parmi lesquels se distingue le hupe-
coi, q u a sa petitesse on prendroit pour un insecte.
pénétrés par l’ injection , qui accompagnoient le tronc des artères crurale et brachiale. Ces
pièces furent en voy ée s, dans le temps, au Muséum de Paris.
Nous nous abstenons de toutes réflexions sur Terreur commise par un homme aussi ju d icieux
que Sonnini. Cependant, nous ferons remarquer l’ inconvenance de Tépithète injurieuse
dont il s’est servi envers le chirurgien B a jo n , qu’il traite d’ ign o ran t, pour avoir d it, à une époque
ou l’anatomie comparée ne commençoit que de naître, q u e , dans le tapir femelle , les ovaires
ne communiquoientpas avec les trompes de l’ utérus. (D ic tion n a irec ité , tom. X X I , pag. 4 04.)
L’ individu qui a été le sujet de nos recherches, a aussi servi à M. C u v ie r pour compléter
son travail sur l’organisation ostéologique de ces animaux. C e savant, dans la première
édition de ses Ossemens fossiles , n’avoit pu indiquer que l’aï eût des clavicules , parce
que ces o s , incomplètement développés, étoient facilement enlevés avec les chairs, en
voulant préparer le squelette. Dans la seconde édition de ce bel ouvrage ( tom. V, ¡." p a r t ie ,
p a g .p i et s u h . ) , on Trouve la description et la connexion de ces o s, qui s’articulent non-
seulement avec l’a cromion, comme dans les autres animaux c la v icu lé s , mais simultanément
avec 1 acromion et 1 apophyse coracoïde ; ils ne sont point assez longs pour atteindre jusqu’au
Sternum, auquel ils ne tiennent que par un ligament.
On sait que la singularité la plus frappante que présente l’a ï, est d’avoir neuf vertèbres
ce rvica le s, sans que son cou en paroisse plus long. M a is , à cet éga rd , cette anomalie n’est
point fix e , pas plus que celle qu’offrent les côtes dans leur nombre, puisque notre .aï n’a
que huit vertèbres cervicales.
Enfin, dit M. C u v ie r en parlant de ces être s , « on leur trouve si peu de rapports avec
'Mes animaux ordinaires; les lois générales des organisations aujourd’hui existantes s’ap-
»plrquent S I peu à la leu r ; les différentes parties de leur corps semblent tellement en
V contradiction avec les règles de coexistence que nous trouvons établies dans tout le règne
» a n im a l, que l’on pourroit réellement croire qu’ ils sont les restes d’un autre ordre de
» c h o s e s , les débris vivans de cette nature précédente dont nous sommes obligés de cher-
» cher les autres ruines dans l’intérieur de la terre, et qu’ ils ont échappé par quelque mi-
» racle aux catastrophes qui détruisirent les espèces leurs contemporaines. »
Les clairières recèlent le coucou guira-cantara, très-rare aux
environs de Rio de Jan e iro ; le coucou piaye, auquel les negres
attachent des idées superstitieuses : cet oiseau, peu craintif, se laisse
facilement approcher. Il en est de même des nichées d’anis, qui,
vivant en famille, s’exposent, à la file sur une même branche, aux
coups du chasseur. L a pie-grièche à manteau, plus défiante, se
tient toujours dans les buissons bas et épais, d’où elle fait entendre
son cri fort et répété; tandis que le jacarini, d’un noir bronzé ,
perché à la cime des mimosas, s’exerce à faire des bonds verticaux
qu’il exécute brusquement, en retombant toujours à la même place.
L à où les bois sont le plus touffus, le manakin goitreux s’agite
avec rapidité et fait entendre un bruit semblable à de fortes pétarades.
L e toucan, dévastateur des bananiers, fréquente les plaines
cultivées; les vangas et les tyrans, les bords des prairies.
Lorsque,dans nos courses, nous arrivions près de petites mares
couvertes de plantes aquatiques, nous étions sûrs d’y trouver des
jacanas, et, dans les haies des alentours, des tinamous, qui sont les
perdrix du Brésil. L e long des ruisseaux, nous surprenions les
martins-pêcheurs , qui aiment aussi à se percher au-dessus des
torrens; et par - tout nous rencontrions le percnoptère urubu,
animal craintif et vo ra ce , exhalant l’odeur infecte des cadavres
dont il fait sa proie. On le voit dans la rade voler en troupes
nombreuses, planer des heures entières à perte de vue, ou bien
tournoyer avec défiance autour des immondices que la mer rejette
sur le rivage.
Un autre oiseau de proie, habitant de la plaine, est l’épervier
anomal [falco degener ], dont le cri est aigre et très-prolongé. Ce singulier
oiseaune paroît pas participer aux moeurs féroces de la famille
à laquelle il appartient. Compagnon parasite des troupeaux, toujours
sur le dos des boeufs, il les débarrasse des ricins incommodes qui
leur sucent le sang : excessivement craintif, il fuit l’homme de très-
loin ; et ce n’est qu’avec beaucoup de peine et d’adresse que notre
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