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bleues, parce qu’elle habite de préférence cette contrée. Ces deux
espèces d’oiseaux sont absolument les mêmes que celles que nous
avons trouvées à Timor, à une distance de 24 “ en latitude ou de
huit cent soixante-quinze lieues. Nous vîmes la dernière sur les
bords de la Nepean, se nourrissant de fleurs non épanouies d’eucalyptus;
et le corbi-calao au cou nu, dans les grands bois des
environs de Parramatta, où il conserve son goût pour les haies et
son chant aussi bruyant que sous la zone torride. Il est bon de prévenir
que lorsqu’on ne fait que le blesser, il enfonce avec force
ses griffes dans les chairs et fait des blessures très-douloureuses.
Les cris qu’il pousse dans ces instans attirent ses semblables, espèce
d’instinct commun à heaucoup d’autres oiseaux.
E nfin , laissant cette partie basse du comté de Cumberland, et
franchissant ces fameuses Montagnes-hleues, si long-temps inaccessibles,
nous irons au-delà jusqu’à la plaine de Bathurst, en continuant
à donner une légère idée de la constitution du so l, afin
d’indiquer les affinités naturelles que doivent avoir avec lui les
animaux qu’on y rencontre.
Toute la première zone de montagnes peu élevées qui borne
1 horizon dans le Nord-Ouest, est composée de grès rougeâtre, en
couches horizontales, présentant, sur quelques parties, des escar-
pemens a pic. Cest le propre de cette roche d’offrir cette disposition
, quon retrouve dans plusieurs montagnes d’Afrique,
notamment sur celle de la Table, au Cap de Bonne-Espérance;
disposition qui rendit si long-temps impraticables les Montagnes-
bleues, jusqu’à ce qu’ayant reconnu les arêtes qui réunissent leurs
points les plus élevés, on put se frayer un passage jusqu’aux pitons de
granit, dont la configuration tout-à-fait différente ne présente plus
les memes difficultés. Il n’existe point de transition entre ces deux
formations. On descend les montagnes quartzeuses par une rampe
très-roide, où 1 on n’a pu éviter de tracer la route, et l’on entre de
suite sur le sol granitique.
L a première partie est aride, desséchée, sillonnée par des vallées
profondes qui ressemblent à de vrais bassins à parois perpendiculaires
et sans eau. Cette sécheresse fut aussi un des obstacles qui
s’offrirent à ceux qui tentèrent de pénétrer plus avant.
A-t-on dépassé le grès, l’aspect change tout-à-coup; on ne rencontre
plus qu’un système de montagnes arrondies en pitons, ou
bien présentant des ados qui retiennent une abondante terre végétale
, sur laquelle d’épaisses graminées forment des prairies continues.
Des rivières, des ruisseaux, coulant paisiblement ou tombant
en cascades, suivent les sinuosités des vallons, débordent dans les
lieux bas et inondent les prairies. C ’est où leurs ondes sont tranquilles
que le paradoxal ornithorynque et les cygnes noirs font leur
habitation. Les casoars, nommés maran parles indigènes, recherchent
les plaines humides, et fune d’elles a pris le nom S Ému, qu’on donne
à ce volumineux oiseau, qui est à la Nouvelle-Hollande ce que sont
les autruches à la sablonneuse A fr iq u e , ou bien aux pampas verdoyantes
de l’Amérique australe.
Sur les hauteurs on trouve le crave noir à ailes blanches, animal
stupide, armé de serres aiguës; des coucous; le kakatoès banksien,
si différent du blanc par son vol lent,mesuré,et par son cri aigre;
plusieurs espèces de perruches, parmi lesquelles nous signalerons
celle à bandeau rouge , qui conserve long-temps après sa mort
l’odeur aromatique des fruits d’eucalyptus dont elle se nourrit ;
enfin une foule d’autres oiseaux inconnus, dont les dépouilles,
pénibles à préparer dans un voyage fait avec rapidité, n’ont pu être
rapportées en France par l’effet de notre naufrage.
Mais le premier oiseau de la contrée, sans contredit, est le beau
ménure, qui déploie en lyre élégante les plumes de sa queue. Il se
plaît sur les monts rocailleux, et le poste de Spring-Wood est l’endroit
où il y en a le plus.
Après avoir fi-anchi les points les plus escarpés des montagnes,
on les voit diminuer insensiblement de hauteur jusqu’à la vaste