
poule, de couleur fauve avec des plaques brunes. L a femelle le cou-
voit; et par la disposition de son aire, dont on peut voir la figure
dans l’atlas historique de notre voyage, elle voyoit tout ce qui se
passoit autour d’elle et s’envoloit à notre approche. Cook fait mention
d’un semblable nid qu’il vit dans une partie opposée de la
Nouvelle-Hollande. Ces oiseaux, par leur nature, sont tenus de
vivre solitaires ; ils consomment tant de chair, que plusieurs familles
réunies sur un même point, auroient bientôt dépeuplé d’animaux
toute une contrée.
A u bas des dunes élevées de la presqu’île Pérou où M. de Frey-
cinet avait établi son observatoire, l’un de nous tua le petit péra-
mèle Bougainville, que nous représentons planche j . Nous en
vîmes plusieurs qui tous étoient de même taille, ce qui feroit supposer
qu’ils n’acquièrent pas beaucoup plus de développement.
Dans ce lieu tous les petits sentiers conduisant d’une touffe d’arbres
à une autre, ont été faits par ces mammifères, qui trouvent sous
ces réduits un asile assuré contre les attaques des aigles, des autours
et des chiens sauvages qui fréquentent cette plage.
Les oiseaux de terre les plus remarquables sont divers traquets,
parmi lesquels se trouve le traquet Élégant; quelques philédons ; des
tourterelles à reflets métalliques ; un moucherolle noir et blanc ;
de grosses corneilles toutes noires; une nouvelle espèce de mé-
r ion , que nous avons nommée rnérion leucoptère, et le mérion
natté, remarquable par sa vivacité. Mais un oiseau très-singulier est
celui dont le chant ressemble au son d’une clochette qu’on frapperait
brusquement. Il ne le faisoit entendre qu’au lever du soleil,
et nous nous plaisions à l’écouter sans pouvoir en distinguer l’auteur.
Ce n’est que dans une autre partie, au port Ja ckson , qu’on nous
le fit connoître, en nous en cédant un, qui fut perdu avant d’avoir
été décrit. Il est d’un vert jaunâtre , pas plus gros que le philédon
grivelé, avec lequel il a beaucoup de ressemblance.
L e port Jackson , au Sud-Est de la Nouvelle-Hollande, est le
second point de ce continent que visita la corvette l ’Uranie, après
avoir parcouru cet espace immense du grand Océan, qui la
sépare des îles Sandwich.
Nous ferons précéder d’une légère esquisse topographique, ce que
nous avons à dire sur les mammifères et les oiseaux de cette contrée.
Toute la partie du comté de Cumberland qui s’étend depuis
la mer jusqu’aux Montagnes-hleues, peut être considérée comme
une plaine ondulée, au milieu de laquelle se trouvent quelquefois
des collines assez hautes. Les bancs de grès dont le sol est formé,
se montrent à nu sur plusieurs points, et nuisent au développement
et à la propagation des végétaux, qui là, comme sur la côte, sont
maigres et rabougris. Des landes sablonneuses et stériles s’étendent
depuis la ville de Sydney jusqu’à Botany-bay, dans l’espace de plusieurs
lieues.
Ce n’est qu’en s’avançant vers le centre, le long des rivières,
dont les débordemens fertilisent la terre, qu’on trouve de ces
majestueuses forêts d’eucalyptus, dans l’intérieur desquelles ces
arbres gigantesques, séparés par de larges intervalles libres de lianes
et d’arbrisseaux, permettent de circuler à l’aise. Sous leurs ombrages,
se développent de magnifiques prairies naturelles, auxquelles la
renoncule, l’antropogon, l’avena et l’aristida donnent le même
aspect qu’à celles de France. Dans les mois de décembre et de
janvier, revêtues de toute leur parure„ elles nous auroient occasionné
l’illusion la plus complète, si les grands végétaux et les
nombreux oiseaux qui nous environnoient, ne nous eussent sans
cesse rappelé que nous foulions un sol étranger.
Après avoir fait environ neuf lieues vers le Nord-Ouest, on
rencontre la rivière Nepean, qui coule au pied des Montagnes-
bleues. L à existe une démarcation naturelle, que nous ne franchirons
qu’après avoir fait connoître quelques particularités zoologiques
de ce qu’on peut appeler la plaine.
Parmi les grands quadrupèdes, on trouve encore, en assez grande
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