
nomades comme les mammifères. Ce sont des autruches, dont les
troupes vagabondes semblent établir davantage les rapports qui
existent entre les déserts du nouveau monde et ceux de l’ancien ;
des carouges et des troupiales couvrant de leurs volées innombrables
les prairies dont ils fouillent la terre pour y trouver des insectes.
Nous avons remarqué tant de variété dans leur parure, que plusieurs
différences individuelles pourroient bien ne tenir qu’à des
disproportions d’âge.
Une espèce plus petite, le carouge à épaulette, nous a paru avoir
les habitudes et le ramage de notre étourneau. Comme lui il se
plaît dans les roseaux et sur les bords des marais fangeux que
couvrent les eaux limoneuses de Rio de la Plata. On rencontre
aussi l’étourneau militaire, dont la poitrine est rouge, et le carouge
Gasquet, vivant en petites troupes isolées.
L e gobe-mouche leucomèle, le traquet à lunette, dont l’oeil est
entouré d’une membrane jaune lichénoïde, habitent des halliers de
faux artichauts épineux : car aucun massif d’arbres ne vient borner
l’horizon de ces solitudes sans fin, pour en rompre la monotonie;
seulement d’énormes cactus étalés en candélabres forment des
haies épineuses impénétrables, d’une couleur glauque, sur laquelle
contraste le beau jaune de leurs fleurs. Dans les lieux arides et rocailleux,
entre les blocs de granit, se montre le cactus opuntia, dont
les fruits violets, hérissés de milliers de piquans imperceptibles,
sont les seuls que cette terre ingrate puisse offrir à l’homme.
Sur les rives de la rade, le tyran à ventre jaune, le même que
celui du Brésil, dispute à des légions de mauves et de goélands
les nombreux cadavres de boeufs et de chevaux jetés à la voirie.
.L’ibis des bois, avec ses longues pattes et son grand cou, domine
par-dessus toutes ces troupes voraces; sa défiance, que sert parfaitement
son organisation, est extrême, et il s’envole long-temps
avant qu’on ait pu l’approcher.
Une grosse espèce de tinamou à long cou et dont le corps est
arrondi, y est très-commune ; sur le rivage, nous n’avons fait
qu’entrevoir des oies blanches, qui ont le bout des ailes noir.
S E C T I O N IL
Cap de Bonne-Espérance.
Nous n’avons point eu la faculté d’observer les mammifères de
ce pays, et nos courses se sont bornées à l’espace compris entre les
montagnes qui forment la péninsule du Cap de Bonne-Espérance
proprement dit.
A u premier aspect, le voyageur est frappé de la sécheresse qui
règne sur l’extrémité australe de l’Afrique, où ne s’offrent que des
montagnes de grès arides et escarpées. On voit évidemment que
l’art du laborieux Hollandais a tout fait pour forcer la nature à
produire. L a végétation y est triste dans son ensemble, quoique de
belles liliacées, de brillans gnaphaliums et de superbes bruyères contribuent
à jeter un certain éclat sur les détails; mais les protéas aux
feuilles soyeuses et argentées, qui, par leur abondance, forment en
partie la physionomie végétale, répandent sur le paysage la monotonie
de leur teinte.
Les deux genres d’oiseaux les plus communs sur cette langue de
terre, et que nous avons pris plaisir à observer, sont les souïmangas
et les promérops. Nous ferons connoître plus loin les rapports
naturels d’organisation qui lient ces oiseaux avec certaines familles
de la Nouvelle-Hollande, de même que la ressemblance des localités
qu’ils habitent.
L e mois d’avril est l’époque à laquelle les souïmangas fréquentent
les environs de la montagne de la Table; ils y sont attirés par la
grande quantité de protéas mellifères, dont les cônes leur fournissent
en abondance une liqueur sucrée; et lorsque ces arbrisseaux ne sont
pas fleuris, ce sont les virgilias qui nourrissent ces charmans oiseaux.
Voyage de rUranie. — Zoologie. . ^