
Coupang est la patrie des langrayens, dont le vol est semblable à
celui des hirondelles, et qui ont la faculté de planer des journées
entières dans les régions élevées ; des choucaris verts ; des petits
drongos, friands de la liqueur qui découle du iatanier ; de diverses
espèces de moucherolles ; et comme il y a beaucoup d’arbrisseaux
et de sous-bois, dans lesquels se plaisent les petits oiseaux, on y
trouve le padda ou calfat, quelques souïmangas, diverses espèces
de bengalis, et, sur les casuarinas de la petite île de Kéra, le guêpier
à longs brins.
En laissant Timor et s’élevant vers le Nord, après avoir traversé
les Moluques et navigué parmi plusieurs îles dépendant de ce
nombreux archipel , connu sous le nom &îUs des 'Papous, on
arrive à celle de Vaigiou, directement placée sous l’équateur. A
proprement parier, notre navire n’étoit point mouillé sur cette
grande île, mais tout auprès, à un demi-quart de lieue, dans la
jolie petite haie de l’île Rawak, d’où nous faisions de fréquentes
excursions sur Vaigiou.
De tous les lieux que nous avons parcourus, aucun ne nous a
offert une végétation plus vigoureuse et plus belle que les îles qui
nous occupent; par-tout, depuis la sommité des montagnes jusqu’au
bord de la mer, dans laquelle des arbres entiers inclinent
leurs rameaux, elle nous rappeloit la majesté et la richesse de ces
forêts profondes que nous avions admirées au Brésil. Sur beaucoup
de points, la plage est ainsi envahie par le règne végétal. Bien plus,
nos canots voguoient souvent au travers de forêts marines, dont
les grands végétaux croissent au sein des eaux salées.
Ailleurs, malgré les plus grands efforts, on ne peut pénétrer dans
ces sombres retraites. Arrêté à chaque pas par des lianes tortueuses,
embarrassé dans les débris des arbres que le temps a détruits,
accablé par la chaleur, on ne tarde pas à préférer des routes plus
faciles et plus sûres ; mais on ne peut oublier l’impression profonde
que font éprouver le calme et la majesté de cette belle nature.
Les oiseaux qui habitent ce séjour, semblent, par leurs proportions,
participer de sa grandeur ; on n’y voit presque point de ces
espèces naines au brillant plumage; comme perdues dans ces vastes
forêts, qui d’ailleurs manquent de graminées et de petits insectes,
elles nesauroient y vivre, et recherchent de préférence les endroits
plus découverts et mieux accommodés à leur existence. En revanche,
c’est le refuge des calaos, des grosses colombes muscadivores ,
des pigeons couronnés plus grands encore, des perroquets verts,
de l’ara noir microglosse, des cassicans, de la nombreuse famille des
loris, des gros martins-chasseurs, et de quelques oiseaux de proie.
Les défians calaos occupent presque toujours la cime des arbres
élevés, des muscadiers sur-tout, dont ils recherchent les fruits
qu’ils avalent tout entiers et qui donnent à leur chair un excellent
goût. Quoique leurs ailes soient peu développées, on les entend
voler de loin, ainsi que l’a remarqué Dampier; ce qui tient à ce
que leurs longues pennes, écartées à l’extrémité, font vibrer l’air
avec force. Cet oiseau est un exemple de ce que peuvent les
localités sur les moeurs des animaux. Ici, environné de fruits, il
en fait sa nourriture, tandis que, s’il étoit né dans les déserts de
l’Afrique, il se repaîtroit de la chair des cadavres, comme font
les calaos d’Abyssinie.
Les tourterelles muscadivores et à tubercule font entendre de
sourds roucoulemens, effrayans pour celui qui n en devineroit pas
d’abord la cause; en même temps que des troupes légères de loris
rouges et tricolors passent avec rapidité en poussant des cris perçans.
Il nous étoit facile de nous procurer de ces derniers, qui
revenoient sans cesse à un arbre dont ils mangeoient les fleurs.
Nous avons remarqué une singulière particularité dans ces animaux;
c’est que leurs couleurs sont infiniment plus éclatantes après la
mort que lorsqu’ils sont vivans.
L ’existence de ces brillans oiseaux, que les naturels façonnent
à la domesticité, semble exclusivement liée à leur terre natale ;