
car ils raouroient, malgré tous nos soins, dès que nous avions
perdu les côtes de vue.
Il existe une petite espèce de kakatoès n o ir, semblable au blanc
pour la forme et le cri, et tellement défiant, que nous ne pûmes
nous le procurer.
Sur la petite île de Rawak seulement, on rencontre beaucoup
de cassicans Sonnerai; oiseau vif, agile, rusé, susceptible de vivre
familièrement avec 1 homme; possédant une variété de chant qu’il
seroit dilficile de rendre; tantôt criant très-fort, sur-tout le matin,
d autres fois sifflant d un ton grave et par coups, ou bien avec rapidité
; et imitant avec une rare facilité le chant des autres oiseaux.
Les cassicans fréquentent habituellement les sommités des cocotiers,
pour y trouver des insectes; mais nous n’avons point remarqué
quils poursuivissent les petits oiseaux, comme on le pense
généralement.
Une belle espèce de martin-chasseur, que nous avons dédiée à
notre collègue, M. Gaudichaud, chargé de la partie Botanique du
voyage, se trouve aussi sur cette île ; nous ne l’avons rencontré que
là. On doit à M. Levaillant la division naturelle de ces oiseaux en
chasseurs et pecheurs. Cette distinction, fondée sur des caractères
peu sailians, tirés de la forme du bec, est bien mieux établie d’après
leurs moeurs. Nous 1 avions déjà faite pour nous avant de connoître
l’opinion de notre compatriote. En effet, les martins-chasseurs, qui
sont tous, en général, très-gros, habitent le milieu des bois, dans les
lieux humides, où ils fouillent pour trouver des insectes et des vers;
aussi ont-ils presque toujours le bec terreux; c’est du moins ce que
nous avons vu sur ceux que nous avons tués à Rawak, aux Mariannes
et à la Nouvelle-Hollande, où on les trouve fort avant dans les terres
loin des ruisseaux. Si quelquefois ils fréquentent les bords delà mer,
c est pour s emparer des petits pagures qu’ils enlèvent avec la coquille.
Dans les marécages de l’île de Bony, nous vîmes un gallinacé
qui nous a présenté des caractères sulfisans pour en former un genre
nouveau, et que la longueur de ses pieds nous a fait nommer rnéga-
pode. Il n’est qu’à demi sauvage, vole à peine et en effleurant la
terre. L e pigeon couronné vit en domesticité à Vaigiou; les insulaires
lui donnent le nom de mamhrouc. Nous avons trouvé, dans
des cabanes abandonnées, des ceintures et des émouchoirs faits de
plumes de casoars, qui semblent indiquer que ces oiseaux habitent
aussi cette île.
Les oiseaux de paradis ne sont point rares ; mais il est difficile de
se les procurer. Nous en vîmes deux dans l’aiguade d’Entrecasteaux,
sans pouvoir les atteindre. Ils volent par ondulations, à la manière
des promérops à longue queue du Cap de Bonne-Espérance. Alors
leurs belles plumes sont réunies en un seul faisceau.
Nous terminons ce que nous avons à dire sur ce pays par les
phalangers, seul mammifère que nous ayons pu nous procurer.
Ces animaux, que les naturels nous apportoient pour être
mangés, semblent remplacer ici les paresseux de l’Amérique.
Stupides comme eux, ils passent une partie de leur vie dans l’obscurité;
et lorsque trop de lumière les fatigue, ils s’y soustraient
en se blottissant la tête entre les jambes. Ils ne sortent de cette
position que pour manger, ce qu’ils font avec beaucoup d’avidité.
Dans les bois, ils se nourrissent de fruits aromatiques, comme
nous l’avons vérifié ; et à défaut, les nôtres dévoroient de la chair
crue. Leur peau est tellement fine et tendre, qu’en se battant ils
s’en arrachoient des lambeaux. L a même chose arrivoit, lorsque,
se fixant à l’aide de leurs griffes aiguës, on vouloir les enlever de
force par leur fourrure. Ordinairement, deux de ces animaux,
habitués dans une même cage, vivoient en bonne intelligence :
en ajoutoit-on un troisième, ils se hattoient à outrance en grognant
et poussant des cris perçans.
Que de beaux oiseaux, que de mammifères encore inconnus
habitent ces admirables contrées, et où l’on pourroit se les procurer
en y séjournant beaucoup plus long-temps qu’il n’est permis de le