
rection que le corps. Lorsqu’on les attaque, ils soulèvent péniblement
leur partie antérieure, se dressent sur leurs deux moignons, et
pour toute défense ouvrent une énorme gueule en poussant des
cris rauques. Au premier aspect, cette attitude est vraiment effrayante
; mais on ne tarde pas à s’apercevoir combien peu est
redoutable un animal qui se meut à grand’peine et qu’il est facile
d’attaquer de tous côtés.
Nous étions toujours étonnés de la quantité de sang que la
moindre blessure leur faisoit répandre. Il jailiissoit rouge et vermeil,
de toutes les parties de leur corps, comme d’une outre qu’on auroit
percée. A l’inspection des chairs, on voit qu’elles sont abondamment
imprégnées de sang et qu’une immense quantité de vaisseaux
serpentent dans tous les tissus. La graisse extérieure n’en est point
dépourvue comme celle des cochons ; et lorsqu’on la divise, on
en voit un grand nombre qui lui donnent une teinte grisâtre.
Ce développement extraordinaire du système vasculaire dans les
phoques, qui paroît ne contenir qu’un sang, pour ainsi dire, tout
artériel, doit leur procurer, malgré le milieu dans lequel ils vivent
habituellement, une plus haute température que celle de tous les
autres mammifères.
Quand ils veulent cheminer sur la te rre , ils se soutiennent sur
leurs pattes de devant, et, avec de pénibles efforts qui ressemblent
parfaitement aux ondulations des chenilles, ils avancent en tramant
la partie postérieure de leur corps *. Dans ce fatigant exercice,
nous les avons vus se reposer très-souvent, et tourner la tête de
tous côtés en flairant, comme pour chercher les lieux humides
et ombragés, que certaines espèces préfèrent aux rochers battus
par les flots.
“ Les substances intervertébrales des phoques sont fort larges, particulièrement aux lombes
et au c o u ; elles o n t , comme celles des poissons, une cavité centrale remplie d’une pulpe
rougeâtre; e t , comme le fait observer M. D u v e rn o y , dans ses Recherches anatomiques sur
les organes du mouvement de ces anim au x , la colonne épinière obtient par-là une mobilité
extraordinaire.
Nous terminerons ce que nous avons à dire sur les phoques,
en donnant une légère idée dè la manière dont les Anglo-américains
en font la pêche; et, pour cela, nous ne pouvons mieux
faire que de copier le journal de M. Dubaut, officier de l’expédition
, qui a vécu plusieurs semaines parmi eux.
« Les navires destinés pour cet armement sont du port de deux
« cents à trois cents tonneaux environ, et solidement construits.
» Tout y est installé avec la plus grande économie : par cette raison,
» les fonds du navire sont doublés en bois. L ’armement se com-
M pose, outre le grément très-simple et solide, de barriques pour
» mettre l’huile, de six yoles armées comme pour la pêche de la
« baleine, et d’un petit bâtiment de quarante tonneaux, mis en
« botte à bord et monté aux îles Malouines, lors de l’arrivée.
» L ’équipage du navire the General-Knox, capitaine Orne, étoit de
n vingt-quatre hommes. On estimoit à vingt-cinq mille piastres la
« mise dehors de son expédition.
» Ce capitaine, après être allé aux îles de Kerguelen, où il ne
« trouva rien, étoit venu aux Malouines, et avoit choisi l’île West-
« point pour son entrepôt. Dans ce lieu paisible et sûr, son navire
» solidement amarré, il avoit fait ôter ses voiles, amener ses vergues,
» et enfin mettre à l’abri tout ce qui n’est point utile dans un port.
» Quoiqu’il eût des fourneaux à bord, attendu qu’il devoit aussi
« pêcher la baleine, il en établit de nouveaux à terre.
» Pendant ce temps-là, ie petit bâtiment, très-fin et très-léger,
« avec onze hommes d’équipage et deux yoles, alloit le long des
» côtes à la recherche des phoques. Dès qu’il en apercevoir à terre,
» il expédioit ses embarcations, et se mettoit à l’abri dans la baie
« la plus voisine pour les y attendre. Dans le beau temps, il laissoit
» des hommes sur les rochers que fréquentent les phoques à four-
» rure.
» Quand le navire pourvoyeur étoit chargé, c’est-à-dire, qu i] avoit
» embarqué la graisse, coupée par gros morceaux, de deux cents
Voyage de l'Uranic. — Zoologie. \ Q