
34 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
L e nombre des rats s’est considérablement accru ; de même qu’à
l’île de France, ils sont le fléau de certaines cultures, qu’ils ravagent
avant que les fruits aient acquis leur maturité.
Les oiseaux paisibles sont d’autant plus nombreux dans cette
petite île, que, ne redoutant point de guerre, ils multiplient en
toute sécurité. Nous placerons les colombes au premier rang de
ces hôtes innocens ; et nous indiquerons comme la plus belle,
l’espèce kurukuru*, qui se fait remarquer par son beau plumage
verdâtre mélangé de jaune et par sa calotte purpurine ; elle est excessivement
commune ; et dans nos promenades, nous la distinguions,
sans la voir, à ses roucoulemens si plaintifs, qu’ils ressembloient à
de vrais gémissemens. Les Mariannais la nomment totot et les Papous
manobo. Elle fait sa principale nourriture du fruit rouge d’une
canines, dont le frontal est relevé longitudinalement entre les cornes, et a , en avant des
« o rb ite s , vers la base du nez, deux convexités longitudinales fort remarquables. Ce lu i de
» la figure 40 appartient à un individu empaillé, qui manque aussi de canines, et dont le
« c rân e a les mêmes formes : il est à-peu-près de la taille d’un axis ordinaire; malheureuse-
» ment il a perdu la plus grande partie de son poil. On voit cependant qu’ il Tavoit ro id e ,
« o n d u lé et d’une couleur gris brunâtre; ses fesses et les poils du dessous de sa queue sont
« b la n c s ; la queue est assez courte : il y a aussi quelques poils blancs au-dedans des oreilles.
« C ’est incontestablement une espèce particulière, bien qu’assez voisine de la précédente
^^{cervus equinus). M. Desmarest a donné cet in d iv id u , dans sa M am m a logie, p ag. ¿f.j6,
« sous îe nom de cervus rnarianus, que nous lui conservons.
« Un faon rapporté des mêmes îles par ces voyageurs, et considéré comme de la même espèce,
« est généralement d’un roux de cannelle fon cé , sans taches. L e dessous du corps et le dedans des
« cuisses de devant est d’un roux plus pâle ; la gorge est blanchâtre ; il y a une tache blanche au
« bout de la mâchoire inférieure, et une sous laba se de chaque oreille. Le dedans et lebord anté-
« rieur des cuisses de derrière sont blan cs , ainsi que les fesses et le dessous de la queue qui est
» courte; les quatre jambes fauves. « ( Ossein. fo s s. seconde édition , tom. I V , pag. 47. )
“ Dans Touvrage qui fait suite aux Oiseaux de Buffon , par M. Temminck ( livraison,
planche 2 7 4 ) , ce naturaliste fait figurer une colombe qu’il regarde comme la femelle de
l’espèce kurukuru. E lle a le dessus de la tête cendré, avec une bande jaune au-dessus d e l’oeil.
S i c’est une femelle, nous ne pensons* pas qu’elle doive appartenir à cette espèce. Ces oiseaux
sont très-communs dans Tîle de C u am * nous en avons tué un grand nom bre; nous avons
même possédé assez long-temps un couple, mâle et femelle , pris sur le nid, dont les individus
ne differoient pas le moins du monde Tun de l’autre, tant pour la couleur que pour
la grosseur; et tous ces oiseaux avoient l’ élégante calotte purpurine qui les distingue. Voilà
bien certainement ce qui existe dans cette î le ; peut-être ailleurs la femelle présente-t-eJIe
quelques différences.
orangine épineuse limonia trifoliatad quelle transporte par-tout
et contribue par ce moyen à multiplier d’une manière fort incommode.
L a colombe Dussumier y est aussi très-nombreuse ; vient ensuite
l’érythroptère à gorge blanche, et enfin une nouvelle espèce, de couleur
rousse, si rare que nous ne pûmes en avoir que deux individus.
Le martin-chasseur à tête rousse infeste les forêts. Les habitans
le chassent d’auprès de leurs maisons, parce qu’ils le croient capable
de dévorer les petits poulets, opinion que nous ne partageons
pas. On trouve le chlorocéphale à Rota, île distante de dix lieues.
L e merle des colombiers, sali des Mariannais, conserve ici les
mêmes habitudes familières qu’on lui reconnoît à Manille. Aussi
agile qu’inquiet, il ne peut demeurer sur un arbre sans en parcourir
toutes les branches, autant pour être en action que pour y
chercher sa nourriture. Son chant tient de son caractère et a beaucoup
de variété; il siffle, il se plaint, il gazouille, ou bien chante
un petit air de courte durée.
Des souïmangas rouge et noir sans reflets métalliques habitent
entre les larges feuilles des palmiers et pompent leur sève sucrée.
L e moucherolle à queue étalée en éventail se tient dans les buissons,
et le râle tiklin, qui ne vole pas, dans les fourrés les plus épais.
Il y a aussi des corbeaux noirs. Les bords de la mer sont couverts de
hérons noirs et de hérons blancs, de corlieux, de tourne-pierres, de
pluviers dorés, de chevaliers. Dans les marais on chasse les canards,
la poule d’eau et le petit héron aux ailes noires : ce dernier est
nommé kakag par les insulaires. L a chouette commune appartient
aussi à cette île, où elle elle est connue sous le nom de momnou;
mais nous n’y avons rencontré ni aucun autre oiseau de proie ni
perroquets.
Tinian a fourni une nouvelle espèce à notre genre mégapode,
beaucoup plus petite et d’une couleur différente de celle de Vaigiou.
La tradition rapporte que très-répandue autrefois dans l’archipel, r