
CHAPITRE IV.
Appendice relatif aux Phoques et aux Cétacés.
S E C T I O N I.'^
Des Phoques.
N ’a y a n t vu des phoques qu’aux îles Malouines, et dans un
instant où notre position ne nous permettoit pas de les étudier,
ce que nous avons à en dire est si imparfait que nous avons pris
le parti d’en faire un appendice que nous plaçons à la fin des
mammifères.
C ’est M. Orne, capitaine américain, occupé de la pèche de ces
animaux, qui nous a fourni les renseignemens que nous donnons.
Malheureusement nous ne pouvons y joindre des détails positifs
de caractères qui, pris sur un grand nombre d’individus, servi-
roient à en déterminer les espèces avec précision. Deux dessins
avoient été faits; tous deux ont été perdus. Il ne reste que la description
, faite à la hâte, d’une otarie qu’on étoit très-pressé de
dépecer pour la distribuer en rations à l’équipage. De sorte que nous
avons moins à parler de l’organisation des phoques, que de quelques-
unes de leurs habitudes et de ce qui tient à la pèche qu’on en fait.
Aux Malouines, les Américains appellent l'wmnarin la plus grosse
espèce de ces amphibies. Il paroît évident que c’est la même que le
phoque à trompe de Péron. Du moins il y a la plus grande ressemblance
entre trois que nous avons vus et le dessin qu’a donné ce voyageur.
Un seul, il est vrai, présentoit ie prolongement charnu de la levre
supérieure, qu’on a nommé trompe; mais le capitaine Orne nous a
dit que cette tuméfaction est passagère et tient aux époques ou
l’on observe ces animaux, probablement celles où ils sont en chaleur.
Les mâles surpassent au moins du double les femelles en
grandeur; quelques-uns ont jusqu’à dix-huit pieds de long. Nous
estimâmes à plus de deux mille livres la pesanteur de celui que
la providence sembla nous envoyer le lendemain de notre naufrage
: étendu sur les bords d’un petit étang d’eau dou ce , non
loin du rivage de la mer, il paroissoit s’y être traîné pour y mourir
paisiblement. Pendant plusieurs jours ii servit à Ja nourriture de
cent vingt personnes.
On rencontre ces amphibies par troupes de cent cinquante à
deux cents ; et dans ce nombre, il y a infiniment plus de femelles
que de mâles. Ils viennent s’accoupler à terre vers le mois d’octobre,
et retournent à la mer en mars. Cependant le reste de 1 annee on
en trouve encore quelques-uns qui fréquentent la terre ; mais ils y
séjournent peu. Les femelles ont coutume de précéder les maies.
Dans l’accouplement, elles se renversent sur le dos. Elles font chacune
un seul petit qui ne tette que deux ou trois mois. On dit que,
dans la saison des amours, les vieux et gros mâles chassent Jes jeunes,
qui reviennent ensuite lorsque les premiers se sont retirés.
L e pelage de cette espèce, ordinairement d’un gris sale, est susceptible
de changer de couleur selon I âge et les saisons. C est
seulement pour sa graisse qu’on lui fait la guerre; car sa peau, manquant
de ténacité, est peu consistante et se déssèche promptement.
Ayant assisté à l’ouverture d’un m â le , nous trouvâmes dans son
estomac, une poignée de sable, quelques vertèbres de poissons, et
une énorme quantité de petits vers lombrics amasses en houle ou
répandus dans les duplicatures de ce viscère.
La seconde espèce est connue des pécheurs sous le nom de
phoque à crins. Elle est en général plus petite, quoique les mâles