
et que nous reconnûmes, aux nombreux plis de son ventre, pour
être de la même espèce.
Nous allons passer à d’autres cétacés beaucoup plus p etits, les
dauphins : ceux de la planche n.° i i , dont nous parlerons d’abord,
ont été vus de près et esquissés avec assez d’exactitude pour que
ceux qui auront ia faculté de se les procurer, puissent recoinnoître
1 identité des espèces. Bien que, dans notre longue navigation, nous
ayons été à portée de voir autour de nous heaucoup de ces animaux,
qui sembloient en se jouant vouloir rivaliser de vîtesse avec
notre machine flottante; cependant, malgré tous nos efforts pour
en prendre, nous n’avons pu y parvenir ; il est vrai que le plus souvent
ils s’offfoient à nos coups lorsque la mer étoit agitée ou que
la marche du vaisseau étoit trop prompte.
Dans le mois d octobre 1819, en allant des îles Sandwich à la
Nouvelle-Galles du Sud, nous vîmes, par 5" 28' de latitude N.,
beaucoup de dauphins [planche 1 1 , figure / ) , exécutant en troupes,
autour du vaisseau, leurs rapides évolutions: tout le monde à bord
fut surpris, comme nous, de leur voir sur le front une corne ou
nageoire recourbée en arrière, de même que celle du dos. L e
volume de l’animal étoit à-peu-près double de celui du marsouin
ordinaire, et le dessus de son corps , jusqu’à la dorsale, étoit tacheté
de noir et de blanc.
Nous nous attachâmes à observer ces dauphins pendant tout le
temps qu’ils nous accompagnèrent : mais quoiqu’ils passassent souvent
à toucher la proue de notre corvette, ayant le haut du corps
hors de l’eau, leur tête y étoit tellement enfoncée, que ni M. Arago,
ni nous, ne pûmes distinguer si leur museau étoit court ou alongé:
leur allure même ne put rien nous indiquer à cet égard; car ils ne
s élançoient point au-dessus des eaux comme les autres espèces.
D après leur conformation toute particulière, nous les avons nommes
dauphins rhinocéros dclphinus rhinocéros .
Une autre fois, traversant ce vaste espace ([ui existe entre la
Nouvelle-Hollande et le cap Horn, nous observâmes en janvier
18 20 , par 49° de latitude, d’autres dauphins ayant de chaque côté
du corps , dans presque toute sa longueur, deux larges lignes
blanches, coupées à angle droit par une noire; ce qui, vu par le
dos, formoit une croix noire sur un fond blanc. Ils n’avoient qu’une
nageoire dorsale assez aiguë. Nous ne fûmes pas nonplus assez heureux
pour nous les procurer. Il en fut de même de l’espèce suivante,
que nous rencontrâmes quelques jours après, et qui se faisoit remarquer
par une bandelette blanche de chaque côté de la tête. Peut-
être étoit-ce une variété de l’espèce qui précède ; peut-être encore
ce caractère ne tenoit-il qu’à ia jeunesse de l’individu : toutefois,
pour les distinguer, nous nommâmes la première crucigère [ del-
phinus criiciger ] ( planche i i , figures 3 et 4 ) , la seconde albigène
[ delphinus alhigena ] ( même planche , figure 2 ).
Sans mentionner ici plusieurs individus à couleurs obscures que
nous vîmes dans divers parages, nous distinguerons le dauphin à
museau hlanc et \ong[delphinusFeront deLacépède], que nous trouvâmes
par 2° de latitude, près de la Nouvelle-Guinée ; et un autre
moitié blanc, moitié noir, à museau peu alongé, des îles Malouines
, que M. Bérard tu a , et qui coula à l’instant même si
profondément, que nous ne pûmes l’avoir.
Tout le monde connoît l’allure de ces animaux, lorsqu’ils chassent
à l’embouchure de nos fleuves. Iis vont de compagnie en nageant
plusieurs de front, ou par couple à la queue les uns des autres.
Mais ce qu’il y a de plus remarquable, ce sont les longues ondulations
qu’ils décrivent, semblables à celles d’une mer qui cesse
dêtre agitée; de sorte que, lorsque la partie supérieure de leur
corps paroît à la surface, comme on n’aperçoit qu’une portion
de la courbe qu’il décrit, il semble vraiment que l’animal, en s’enfonçant
dans l’eau , tourne sur lui-même comme une roue. Il n’en
est plus ainsi, lorsque, jouant autour d’un vaisseau qui cingle à
pleines voiles, ils veulent le dépasser; alors ils filent droit et font