
i é VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Les fleurs de ce dernier arbre ressemblent à celles du roblnia pseudo-
acacia ; elles en ont la blancheur et le parfum, mais paroissent ne
contenir qu’une très-petite quantité de nectar. Aussi voit-on les
souïmangas voltiger de branche en branche, et plonger leur langue
rétractile et plumeuse dans chaque fleur.
On les a comparés, avec juste raison, aux grimpereaux; ils sont
vifs et légers comme eux, et ne restent sur un arbre que le temps
convenable pour le parcourir dans tous les sens; ce qu’ils font à
l’aide de leurs ongles crochus. Soit qu’ils volent ou qu’ils cherchent
leur nourriture, ils poussent un petit cri perçant qui les fait distinguer
de loin. L e soir, ils ont un chant prolongé et dont les modulations
sont plus agréables.
Ces oiseaux sont faciles à conserver vivans. Nous en avons eu un
pendant quelques jours, qui, du matin au soir, ne faisoit que tremper
sa langue dans l’eau sucrée : d’où vient que les habitans du cap les
nomment becs de sucre. L ’espèce la plus commune aux environs
du C ap , celle dont on pourroit se procurer une centaine dans un
jour, est le souïmanga à collier. Celui à capuchon violet, remarquable
par ses longues pennes, est beaucoup moins répandu et
plus difficile à approcher. Nous avons observé que la dentelure du
bec n’est point un caractère constant dans tous les individus.
L e second genre que nous ayons à mentionner est celui des
promérops, qui, comme les souïmangas, ont une langue plumeuse,
canaliculée, et recherchent les plantes mellifères. On les rencontre
par petites troupes de cinq ou six; et, à l’époque dont nous parlons,
il étoit facile de reconnoître les jeunes, qui n’avoient pas encore
leur longue queue. Si le plumage de cet oiseau n’est pas brillant,
du moins sa forme a une certaine élégance, sur-tout quand il est
posé. Il nen est pas de même lorsqu’il vole; par les secousses qu’il
se donne, par les bonds et les ondulations qu’il est obligé de faire,
on voit que sa queue l’embarrasse beaucoup, et qu’il n’a pas été
fait pour cet exercice.
ZOOLOGIE. 27
Ses ongles sont crochus, et il est doué d’une force excessive dans
les serres ; de sorte que si l’on ne prend pas garde à ceux qu’on a
blessés, ils les enfoncent dans les chairs et font promptement venir
le sang.
S E C T IO N III.
Iles Timor, R aw a f et Vaigiou.
L ’Î l e T im o r, située vers la partie la plus méridionale de l’archipel
d’A s ie , à distances presque égales des îles de la Sonde et
des Moluques, est pauvre en mammifères, mais assez bien peuplée
d’oiseaux.
Le sol de Coupang, madréporique et schisteux, n’offre pas cette
brillante végétation que le voyageur devroit s’attendre à rencontrer
par le treizième parallèle, etqui se fait remarquer même dans la partie
Nord de l’île.
A quelques lieues des bords de la mer, les arbres, en général,
n’ont pas cet énorme développement que nous retrouverons bientôt
; leur teinte est blafarde ; elle est même toute blanche là où
dominent les mélaleucas.
Les tourterelles et les perroquets sont les espèces les plus
communes. C ’est de là que viennent la jolie colombe kurukuru, la
colombe Maugé et le colombar unicoior. On y voit le petit kakatoès
blanc, beaucoup plus gentil et plus susceptible d’éducation que la
grosse espèce de la même couleur, du port Jackson; la belle perruche
érythroptère ; celle à face bleue, qui habite aussi l’extrémité
Sud-Est de la Nouvelle-Hollande, et qu’on ne peut conserver longtemps
, parce qu’elle succombe facilement aux convulsions.
Nous vîmes là, pour la première fois, le philédon corbi-calao,
qui se montrera aussi au port Jackson. Cet oiseau, dont la langue
est échancrée et les serres excessivement fortes, se nourrit de baies.
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