
D E S B É R O É S .
D ans la c omp o s i t io n d ’une p lan ch e de h ip h o r e s , nous avons
joint deux bé ro é s , à cause de l’analogie de formes seulement.
Ces animaux, d’une organisation très-simple, n’ont ni viscères
digestifs, ni canaux particuliers apparens. Un sac à une seule
ouverture très-large, existe dans toute la longueur du corps. La
substance de certaines espèces est si peu solide, qu’elle difflue
entre les doigts qui la touchent, comme feroit du mucus. Aussi
ne peut-on vraiment assigner une forme constante à quelques-unes
d’elles. On ne pourroit même pas assurer qu’elles appartiennent au
genre, si elles n’avoient des caractères invariables qui font qu’on
ne peut les méconnoître: ils consistent en des lignes droites plus
ou moins nombreuses dirigées dans le sens du plus grand diamètre
de l’animal, garnies de cils ou de cirres transversales fort déliées,
qui, toujours en mouvement, reflètent les couleurs de l’arc-en-
ciel, par une propriété reconnue à tous les corps excessivement
amincis. Ces cirres occupent les espèces de côtes dont sont pourvus
les béroés plus consistans, et sont répandues avec symétrie
sur les béroés tout-à-fait mous : elles vibrent avec la même fo rc e ,
lorsque, par une cause quelconque, l’animal est séparé en plusieurs
parties ; ce qui pourroit faire supposer que chacune de ces parties
a la propriété de former un nouvel animal.
Ces franges brillantes, à peine perceptibles, ne peuvent point
servir à la progression de ce zoophyte , qui se meut par des contractions
générales de tout le corps , et qui d’ailleurs , comme
l’observe M. de Lamarck, trouve dans le fluide au milieu duquel il
v it , les corpuscules nécessaires à sa nourriture.
Ces animaux sont susceptibles d’acquérir de très-grandes dimensions
; car, à moitié route de Bourbon à la baie des Ghiens-
Marins, nous vîmes de longues bandes entre deux eaux, (ju’on prit
d’abord pour des cordes tombées du navire, mais que nous reconnûmes
pour être des béroés qui avoient jusqu’à dix pieds de longueur,
et dont nous ne pûmes nous procurer que des fragmens.
D ’autres navigateurs en avoient déjà remarqué de semblables ;
Surville les compare à des peaux de serpens dépouillés; comparaison
dont on apprécie la justesse en les examinant dans l’eau.