
s’élançant dans la mer, ils en parcourent la surface avec une vîtesse
extrême : c’est ce qui arrive sur-tout quand on les blesse ; alors,
comme font remarqué Pernetty et Forster, ils fuient tant qu’il leur
reste un souffle de v ie; d’où leur est venu le nom de race-horse
cbeval de course ] que leur ont donné les marins anglais *.
C ’est en chassant ces canards pour en faire notre nourriture,
que nous avons observé qu’ils prennent un très-grand soin de
leurs petits. Lorsque la couvée se met en marche, le père et ia
mere , semblables pour la couleur et ia taille, se tiennent l’un
devant, l’autre derrière, et la dirigent au large ou à terre, selon
que la crainte du danger le leur suggère. D ’autant plus défians
qu’ils ne pouvoient pas se soustraire rapidement à nos coups par
le v o l, il nous falloir employer plus d’une ruse pour ies atteindre.
Leurs plumes, petites et serrées, les préservoient souvent aussi
de l’action du plomb. L e meilleur moyen étoit de les pousser à
terre avec une ou deux embarcations ; alors ils ne pouvoient échapper.
Leur chair n’est pas bonne, et ils sont si difficiles à plumer,
que, pour avoir plutôt fait, on leur enlevoit la peau.
Après avoir dit ce que nous savons des moeurs du canard aux
ailes courtes, indiquons les caractères qui le distinguent de ceux de
son genre. . •
Il est aussi grand que le tadorne; sa longueur est de deux pieds
deux pouces : son cou est long, et approche un peu de celui des
oies ; mais ses jambes sont courtes et placées à l’arrière du corps.
Il a la tête, le cou, le dessus du dos, des ailes et de la queue, d’un
cendré sombre ; cette teinte est un peu plus claire au co u , où les
plumes sont plus effilées; celles du dos seulement sont bordées de
noir.
Les plumes de la gorge et de la poitrine sont d’un roux v if et
Le canard aux ailes courtes paroît aussi habiter la côte occidentale de l’Am ériq ue, dans les
environs du détroit de Mage llan, puisqu’ il en est parlé dans la relation du naufrage du
vaisseau le \Vager. On ajoute même que les femmes indiennes filent le duvet de cet oiseau,
et en font des couvertures qu’elles vendent aux Espagnols.
bordées de gris ; dans ie repos, la couleur rousse est très-peu apparente;
elle ne se montre à découvert que lorsque l’oiseau se développe
et alonge le cou. L e ventre, les cuisses et les couvertures
inférieures de la queue sont d’un blanc pur.
Quelques pennes secondaires, entièrement blanches, décrivent
une bande sur l’aile. Les grandes pennes sont d’un gris foncé. Les
ailes, petites, foibles, n’ont chacune que huit pouces et demi de
longueur; elles finissent à cinq pouces et demi de la queue, qui est
peu longue, pointue et lisse dans les deux sexes.
L e bec a deux pouces cinq lignes de long; il est brun à la base,
mélangé d’orangé vers la pointe, qui a un écusson noir.
Comparativement aux autres canards, les jambes sont de moyenne
grandeur, le tarse n’ayant c(ue deux pouces cinq lignes; il est orangé,
de même que les doigts, qui sont longs et largement palmés.
Chaque aile est munie de deux éperons jaunes, obtus, dont 1 inférieur,
beaucoup plus saillant, est traversé par un petit sillon. Ces
tubercules sont susceptibles de faire d’assez fortes meurtrissures
lorsque ces oiseaux ne sont que blessés.