
constamment habitées par les hommes, qui soient entièrement
formées de coraux; et que loin deJever, des profondeurs de
1 O céan, comme on 1 a avancé, des murs perpendiculaires, ces
animaux ne forment que des couches ou des encroûtemens de
quelques toises d’épaisseur.
Voici comment cet ajouté, cette superposition des madrépores
s opère. Dans Jes lieux où Ja chaleur est constamment intense, où
Jes teires découpées en Laies enferment des eaux peu profondes
et paisibles, qui ne sont point susceptibles d’étre agitées par de
fortes houles ou par les brises régulières des tropiques, là aussi se
multiplient les polypes saxigènes. Ils construisent leurs demeures
sur les rochers sous-marins, Jes enveloppent en tout ou en partie,
mais ne les forment pas à propremént parler. Ain s i, tous ces hrisans,
toutes ces ceintures madréporiques, que, dans Ja mer du Sud,
on rencontre assez fréquemment sous Je vent des îles, sont, selon
nous, des hauts-fonds dépendant de la conformation du sol primitif,
qu’on reconnoh lui appartenir, lorsqu’on a un peu l’habitude d’observer
Ja direction des montagnes et des collines, et quelles doivent
être celles qu elles continuent de prendre sous les eaux. C ’est toujours
là où les pentes sont doucement inclinées et où Ja mer a
Je moins de profondeur, quon trouve Jes plus grands massifs de
madrépores. Ils pullulent si elle est calme ; dans le cas contraire,
ils ne forment que des mamelons rares appartenant à des espèces
qui semblent moins souffrir de l’agitation des flots.
On a dit, et cest même une chose généralement admise parmi
les marins, quon trouve dans Jes mers équatoriales des écueils
formés de coraux \ qui s’élèvent des plus grandes profondeurs,
comme des murs au pied desquels on ne trouve pas de fond.
• On sait que vulgairement ce mot de corail s’applique, très à to rt, à tous ies polypes
.thogenes ; celui de madrépore, qu i, en zoologie, sert à désigner un seul genre, a à-peu-prés
'I® I’“ " de l’autre pour exprimer L -
iemble de ces animaux, sans omettre de parler des espèces lorsque ce sera nécessaire
L e fait existe pour ce qui est de Ja profondeur; et c’est même ce
qui fait courir les plus grands risques aux navires qui, pris en calme
et entraînés par les courans, ne peuvent jeter l’ancre dans de tels
parages. Mais il n’est pas vrai de dire que ces récifs soient entièrement
formés de madrépores. D ’ahord, parce que les espèces qui
forment constamment les bancs les plus considérables, comme
quelques méandrines, certaines caryophyllies, mais sur-tout Jes
astrées, ornées des couleurs Jes plus belles et Jes plus veloutées,
ont besoin de l’influence de la lumière pour les acquérir ; qu’on
ne les voit point croître passé quelques brasses de profondeur; et
que par conséquent elles ne peuvent se développer à mille ou douze
cents pieds, ainsi qu’il faudroit que cela se fit pour élever les escar-
pemens dont il s’agit. D ’ailleurs ces diverses espèces d’animaux
jouiroient donc presque seules de la prérogative d’habiter par toutes
les profondeurs, sous toutes les pressions et, pour ainsi dire, par
toutes les températures.
Une autre circonstance à laquelle Jes voyageurs n’ont pas pris
garde, qui renforce notre opinion et la rend plus évidente, c’est
que, par des profondeurs aussi grandes, Ja mer, toujours houleuse
à la superficie, vient briser avec force sur ces récifs, sans qu’il
soit besoin que Je vent l’agite. Et en faisant seulement l’application
des observations de ces mêmes voyageurs, qui disent ( ce qui est
très-vrai) que là où les ondes sont agitées les lithophytes ne peuvent
travailler, parce qu’elles détruiroient leurs fragiles édifices, nous
acquerrons la certitude morale que ces escarpemens sous-marins
ne sont point dus à ces animalcules. Mais que, dans ces mêmes
lieux, il se trouve un enfoncement, un abri quelconque, aussitôt
ils éleveront leurs demeures et contribueront à diminuer le peu de
profondeur qui existe déjà. C ’est ce qu’on peut voir dans presque
tous les endroits où une température élevée permet à ces animaux
de croître en abondance.
Dans Jes localités où les marées se font ressentir, leurs courans