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Wahou, au contraire, ressemble à l’île de France; ce sont ses
montagnes peu élevées, affaissées, dont les arêtes adoucies et
décomposées par le temps, fournissent abondamment aux valions
une excellente terre végétale qu’on s’empresse de cultiver. Par-tout
la végétation y est vigoureuse et pressée. Il n’en est pas de même
à Owhyhi, la plus considérable de ces îles, où d’immenses coulées
de laves plus récentes ont tout envahi, et où l’on est obligé de
pratiquer des cultures à travers leurs interstices.
Enfin, de meme quaux îles de France et de Bourbon (avant
quon y transportât des cerfs* et plusieurs espèces d’oiseaux), on
ne peut faire aux Sandwich qu’une très-mince récolte en zoologie.
S E C T I O N VI.
Houye Ile-Hollande.
T E R R E d ’e N D R A C H T E T N O U V E L L E - G A L L E S D U SU D .
C ette immense contrée, encore si peu connue, s’est offerte à
nous sur deux points différens. L e premier, la haie des Chiens-
Marins, située à l’Ouest, est d’une sécheresse et d’une aridité
effrayantes. Par-tout des dunes de sable recouvrant un grès rougeâtre
ne présentent à la vue que des mimosas et autres arbrisseaux
contournés et rabougris. Qu’on ajoute à cela le manque
absolu deau douce, et l’on concevra facilement qu’une perpétuelle
stérilité doit être le partage de cette terre de désolation.
Cependant elle a , nous ne dirons pas ses habitans, parce que
la tribu que nous y avons vue ne sauroit constamment y demeurer
et y vivre; mais enfin elle est fréquentée par l’espèce humaine,
■ a se pourroit bien que ies cerfs des îles de F rance et de Bourbon fussent de la même
« p è c e que ceux des Mariannes, et que les H ollandais, à qui appartint d’abord la première de ces
ile s .e n eussent pris les premiers individus à Manille ou au continent de l’ Inde.
malgré la privation qu’elle y éprouve d’un des élémens les plus indispensables
à son existence. Les animaux de cette haie qui vivent
dans ses petites îles, ou sur le continent non loin du rivage, ont
bien été forcés de s’accommoder à cette nécessité. A in s i, les kan-
guroos, les péramèles, les phalangers, beaucoup d’oiseaux qui s’éloignent
peu, boivent l’eau de la mer. Les naturels qui séjournent sur
la presqu’île Pérou, où ils trouvent, en poissons , une nourriture
assez abondante, sont probablement forcés d’en faire autant; et
chez eux l’habitude a rendu nuls les effets délétères de cette boisson,
si toutefois elle est dangereuse par elle-méme.
On trouve sur les îles de Dorre etBernier, le kanguroo à bandes,
que MM. Pérou et Lesueur ont fait connoître. Il existe aussi
dans celle plus grande de Dirck-Hatichs. C ’est seulement sur cette
dernière que nous avons trouvé une quantité d’assez grands trous
pratiqués sous des touffes de mimosas, dont les branches s’étaloient
sur la terre, et que nous supposons être ceux d’une très-grande
espèce de péramèle. Ces animaux, que nous ne fîmes qu’entrevoir
parce qu’ils rentroient au gîte avec une extrême rapidité, nous parurent
de la taille d’un moyen kanguroo. L a nuit ils vont sur le bord
du rivage fouiller dans les débris que la mer y entasse. Ils courent
fort v îte , toujours à quatre pattes et sans faire de bonds. Nous ne
pûmes nous en procurer. Une chose qui est à remarquer, c’est que
sur le continent nous ne vîmes point de semblables terriers.
Les environs recèlent beaucoup de kanguro os-rats, à en juger par
une infinité de têtes entières que nous trouvâmes avec des débris
d’oiseaux, de serpens, de lézards, de crustacés, de poissons même,
au bas de faire d’un aigle ou autour à ventre blanc et à dos gris.
L e nid de cet oiseau, haut de cinq à six pieds, formé de branches
d’arbres symétriquement rangées en rond, et présentant l’apparence
d’une petite tour, étoit construit sur un rocher isolé, dont la mer
venoit Lattre le pied. Il étoit plein jusqu’à sa partie supérieure,
et contenoit un oeuf de la grosseur et de la forme de celui d’une