
bouche; et la postérieure, par où l’eau sort, l’anus. Mais il y a,
dans cette manière de s’exprimer, une fausse acception de mots
et une erreur d’observation. Ces deux ouvertures ne sont ni la
bouche ni l’anus proprement dits ; ce sont les issues d’un large
canal, au travers duquel des colonnes d’eau doivent sans cesse passer
pour servir à la progression, à la respiration et à la nutrition
de l’animal. C’est un instrument accessoire, si fon peut s’exprimer
ainsi, que la nature lui a donné, mais admirablement bien disposé
pour concourir à plusieurs buts à-la-fois. Dans cet instrument,
sont contenus les viscères spéciaux de la nutrition, comme l’a démontré
M. Cuvier. Dans un paquet coloré, nommé nucléus, qui
se trouve toujours placé à l’opposé de l’ouverture qui absorbe l’eau,
se voient, la bouche, lefoie, une des extrémités de la branchie, un
peu plus haut le coeur, et quelquefois l’anus; car, dans certaines
espèces, il va s’ouvrir près de ce même orifice par où l’eau entre.
Ainsi donc, M. Cuvier a nommé ouverture de la bouche ou antérieure,
celle près de laquelle se trouve la véritable houche, et postérieure,
l’opposée, parce que, nous le répétons, il ne les a considérées que
dans leurs rapports avec la vraie place des organes digestifs.
Mais pour éviter toute équivoque dans la désignation de ces
ouvertures, on nommera antérieure celle qui absorbe l’eau, par laquelle
l’animal se présente constamment, etqui, plus consistante,
est munie d’une valvule pour empêcher le fluide de rétrograder;
et postérieure, celle qui, plus mince, est dépourvue de valvule, et
par où l’eau s’échappe dans les contractions du mollusque, d’où
résulte sa progression. C’est ce que M. Adalbert de Chamisso,
naturaliste français au service de la Russie, a fait, en partie, dans
un mémoire sur les hiphores qu’il a observés.
Nous avons sur ces mollusques quelques observations d’anatomie
auxquelles on ne doit pas attacher une trop grande importance
; car à hord d’un navire à la voile, heaucoup d’obstacles
s’opposent à leur précision. Sans parler des parties les plus visibles
et qui ont été détaillées dans le mémoire de M. Cuvier, nous
dirons que nous avons insufflé par l’estomac le canal assez large
qui est adossé à la branchie, et l’air a fini par entrer dans cet
organe de la respiration sous forme de globules ; mais il est possible
que ce soit à la faveur d’une rupture. Nous avons souvent
vu le coeur opérer ses mouvemens de dilatation et de contraction
; ce n’est même ordinairement que dans cette action qu’on
peut bien le distinguer ; autrement il se confond dans la transparence
générale. Après l’avoir percé assez près de f estomac, nous l’insuf-
fiâmes de même que le canal qui lui est continu, et qui va finir à
fextrémité opposée, par deux lignes très-fines partant à angle droit.
Péron dit avoir remarqué de la sanie dans ce canal.
Nous lisons dans des notes écrites à mesure que nous observions,
que le nucléus formé par l’estomac et le foie est situé en dedans
de la tunique interne, et non pas entre elle et l’extérieure, qui est
infiniment plus dure et résistante. Dans l’état de vie, les hiphores
sont entièrement transparens ; cen’est qu’après avoir été dans l’alcool,
que ces lignes rubanées qu’on voit sur la tunique intérieure, se développent.
Cependant, parmi plusieurs centaines d’individus vivans,
nous en avons vu quelques-uns qui les laissoient apercevoir. Toutefois,
ce sont plutôt des particularités que des caractères constans.
L’alimentation paroîtroit se faire par succion; car, dans tous
ceux que nous avons ouverts, nous n’avons jamais trouvé, dans les
viscères digestifs, de débris de matières qui aient servi à la nutrition.
Et, à cet égard, il faut bien prendre garde, lorsqu’on examine
ces animaux vivans, de ne pas considérer comme devant leur servir
de pâture, les zoophytes ou les petits crustacés qui s’engagent quelquefois
et par hasard dans leur cavité.
Dans les belles mers, ceux qui vont isolés nagent à-peu-près à
la profondeur d’un pied, en se tenant un peu obliquement; ce qui
provient de ce que l’extrémité où se trouve l’estomac étant plus
consistante, gihbeuse, et en même temps plus pesante, tend à faire