
3 4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
les anciens peuples Mariannais l’éievoient comme on fait à présent
des volailles.
Enfin, nous pouvons assurer que, sous le rapport de l’ornitho-
logie*, comme de toutes les autres parties de l’histoire naturelle,
il n existe pas, dans le grand O céan , d’île qui soit maintenant
mieux connue que celle de Guam, naguère ignorée; nous aurons
occasion de le prouver ailleurs, en traitant de chaque classe d’animaux
séparément.
S E C T I O N V.
Iles Sandwich.
Nous n’avons que fort peu de chose à dire des oiseaux propres
aux trois cônes volcaniques de cet archipel que nous avons visités,
et rien , absolument rien sur les mammifères, qui paroissent se
borner aux cochons et aux chiens. On mange aussi ces derni“rs,
dont les variétés sont très-nombreuses, comme en Europe.
N’ayant eu que peu de temps à rester sur chacune de ces îles,
nous ne pûmes parcourir leurs hautes montagnes intérieures; et
nos courses se bornèrent à celles des côtes, déjà assez élevées pour
que très-souvent elles soient couvertes de nuages.
En oiseaux, nous ne citerons que deux moucherolles noir et
blanc ; de petits figuiers d’un vert jaunâtre, le nouveau genre
psittasin de M. Temminck, nommé raoulu par les Sandwichiens,
qui a des rapports avec les perroquets pour les formes, mais qui
en.diffère beaucoup par un vol lent, soutenu et uniforme, tandis
que celui des perroquets est brusque, et s’opère comme si le corps
étoit placé de travers.
‘ A in s i, c e s i a ton et par une fausse indica tion, que dernièrement on a dit, dans un bel
ouvrage , que le calao à casque sillonné habitoit les Mariannes : ces oiseaux ne se touveut point
dans cet archipel.
Les plantations d’arum, toujours inondées, recèlent des foulques et
des poules d’eau ordinaires. On trouve au bord de la mer des corlieux
gris et des chevaliers, et sur les rimas ou arbres à pain, la chouette
commune, que les indigènes connoissent sous le nom depouéhou.
Mais, chose surprenante, malgré toutes nos recherches et nos
courses dans les montagnes environnant les bords de la mer,
des trois îles d’Owhyhi, Mowi et Wahou, nous n’avons pu nous
procurer ni même voir l’héorotaire \^certhia m A k rw ], très-petit
oiseau dont les plumes d’un rouge éclatant forment les élégans
manteaux des chefs. Quand on pense que, pour fabriquer un
de ces ornemens, qui a quelquefois cinq pieds de hauteur, il
faut des centaines, peut-être des milliers de ces oiseaux, l’étonne-
ment redouble de ne pas en rencontrer à chaque pas. Il faut croire
qu’on a fini par en diminuer tellement le nombre, que maintenant
ils se trouvent relégués dans les profondes vallées ou sur les très-
hautes montagnes que nous apercevions dans l’éloignement *.
On peut faire quelques rapprochemens naturels entre les Sandwich
et les îles de France et de Bourbon. Leur sol a par-tout
subi l’action du feu. Les hautes montagnes de Mowna Roa et
Mowna Kaah ressemblent aux Salazes de Bourbon. Leur pente
commence au bord de la mer et s’élève successivement jusqu’à
deux mille cinq cents toises, dit-on, pour les premières; les
secondes, moins imposantes, mais peut-être plus abruptes, n’en
comptent que quinze cents. Très-souvent on se méprendroit sur
la nature des produits volcaniques des unes et des autres, tant la
similitude est parfaite; et sur la plage qu’habite une partie de la
population d’Owhyhi, on diroit que la lave vient d’y couler.
^ li paroîtroit, d’après ce que rapporte D ix o n , que Toiseau qui fournit les plumes jaunes,
seroit un promérops ou un guêpier, dont les naturels s’empareroient facilement, et auquel ils.
arracheroient le peu de plumes colorées dont il est o rn é , et qu’ ils renverroient ensuite. Nous
avons bien aperçu dans les vallées profondes quelques-uns de ces oise aux, mais qui ne nous
ont pas paru faciles à approcher. Nous pensons donc que le fait avancé par le voyageur
anglais demande confirmation.