
quantité, des chiens sauvages; mais la guerre impitoyable qu’on
leur fait en aura bientôt anéanti l’espèce. Il en est de même des
paisibles kanguroos, à la destruction desquels on s’attache bien
davantage, parce qu’on se nourrit de leur chair et que leurs fourrures
servent à faire des vétemens ou des chapeaux. Déjà l’on n’en
aperçoit presque plus aux environs de Sydney; ils sont rares sur
les Montagnes-hleues, et ce n’est que dans les contrées les plus
reculées qu’on en voit encore des troupeaux.
Les Européens détruisent, avec autant d’activité, les grandes
espèces de phalangers, dont les longs poils soyeux leur sont de
quelque utilité. Les petites espèces seules échappent. On extermine
les malfaisans dasyures , animaux nocturnes qui commettent les
memes dégâts que chez nous les fouines, avec lesquelles ils ont
des rapports de moeurs.
Ces mammifères, en désertant les bords de la mer, trouvent
dans les naturels d’autres ennemis qui se nourrissent de leur chair;
car la nature, avare de ses dons envers ce peuple misérable, lui
a refusé presque tous ces végétaux utiles, ces fruits délicieux,
qu elle répand ailleurs avec tant de profusion. Obligé de se nourrir
sur-tout d animaux, il est sans cesse errant dans ces vastes déserts;
et il ne peut se fixer nulle part sur une terre qui exige une industrie
agricole supérieure à la sienne, pour lui offrir des produits utiles à
sa subsistance.
Ain si, Ion peut calculer le temps où ces animaux, si nombreux
lors de 1 arrivée des Anglais aux Terres australes, n’existeront plus
que comme des objets de curiosité, et finiront enfin par dispa-
roitre tout-à-fait, pour faire place aux troupeaux, bien plus utiles
sans doute, de boeufs, de chevaux, de brebis, &c. devenus indispensables
à I homme civilisé, et qui l’accompagnent dans ses grandes
migrations. Cest donc la destinée de ces terres conquises, de voir,
nous ne dirons pas seulement des espèces de mammifères étrangères
y succéder aux espèces indigènes, mais la population elle-même
s’éteindre et être remplacée par une population nouvelle et toujours
envahissante.
L e contraire de ce que nous venons de dire s’observe pour
certaines espèces d’oiseaux, dont le nombre augmente dans les lieux
cultivés et fréquentés par l’homme. A in s i, la tribu si variée des
perroquets est plus commune aux environs de Sydney, de Parra-
matta, de Windsor, que par-tout ailleurs. Dans les Montagnes-hleues
mêmes, c’est auprès des fermes isolées que nous avons trouvé le
plus de jolies perruches omnicolores. Il en est de même du kakatoès
blanc ou à crête, du familier cassican, de quelques philédons, du
corbi-calao sur-tout, aussi commun dans la plaine qu’il est rare dans
les montagnes; des élegans traquets, dont les buissons fourmillent, &c.
Déjà nous avons fait cette remarque à l’égard du Brésil. Elle est
évidente pour tous les pays où la culture est en vigueur, et c’est à
ses plantes céréales que file de France doit cette grande quantité
de petites perruches à tête grise.
Parmi ces nombreuses variétés d’oiseaux que nous ne pouvons
toutes énumérer et encore moins faire connoître par leurs habitudes
, nous citerons l’énorme martin-chasseur choucas, vivant au
milieu des forêts. Sa voix a un éclat extraordinaire ; et lorsque
plusieurs se réunissent, ils se plaisent à faire un bruit terrible, ressemblant
à des éclats de rire immodérés. Dans ce bruyant concert,
chaque acteur semble avoir sa partie.
Nous reviendrons encore aux cassicans, qu’on peut considérer
comme les corbeaux de cette contrée ; ils sont plus gros que ceux
des îles des Papous, et leur chant paroît avoir moins d’élégance;
mais en revanche leur plumage est plus varié, quoiqu’il n’y entre
que deux seules couleurs, le blanc et le noir. Cependant nous en
possédions une espèce nouvelle tout-à-fait grise, et beaucoup
plus grosse qu’une corneille.
Nous ferons mention du philédon corbi-calao et de la perruche
à tête bleue, connue ici sous le nom de perruche des Montagnes-
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