
de longues années d’inaction leur ont fait perdre. C ’est dans le grand
Océan et dans Jes mers de l’archipel d’Asie que l’on va sur-tout
chercher les cétacés qui fournissent tout-à-la-fois l’huile et le hlanc
de baleine. On double le cap Horn, et ce sont ordinairement des
voyages de trois années. Pendant notre séjour aux Malouines, nous
vîmes un navire anglais qui avoit été assez heureux pour obtenir
une cargaison complète dans l’espace de dix-huit mois. Il avoit
péché aux environs des îles Gallapagos sous l’équateur de la Mer
pacifique,
S E C T I O N II,
Des Cétacés.
C e que laissent encore à desirer nos observations sur les phoques,
peut aussi s’appliquer aux cétacés ; mais comme on n’a eu jusqu’à
présent que très-peu de données sur ceux qui habitent l’hémisphère
austral, nous pensons que les esquisses que nous offrons,
quoique incomplètes, donneront de ces animaux une idée plus
exacte que des descriptions qu’il est dilficile de bien faire à une
certaine distance et sur des objets mobiles.
Le dessin de la planche n.f 12 représente un cachalot. Il a été
fait d après un grand nombre d’individus semblables, et nous a été
communiqué par M. Benjamin Hammat, commandant Je navire
L’Océan, de Londres, que nous trouvâmes, sur Jes côtes de Timor,
occupé de 1a pêche de ce cétacé. Les diverses bosselures qu’on
n a point remarquées jusqu’ici sur les cachalots connus, en font évidemment
une espèce nouvelle. Nous ne doutons point que le dessin,
exécuté avec hardiesse et à grands traits, ne rende bien l’ensemble
de 1 animal, et ne caractérise ses formes principales; mais nous
pensons aussi qui! peut y avoir des fautes dans quelcpies détails
ou dans certaines proportions. Nous en prévenons, afin que les
naturalistes qui auront occasion de voir cette même espèce ou d’en
donner une figure, ne prennent notre dessin que pour ce qu’il vaut.
Nous ne ferons point la description de ce cétacé; nous le nommerons
seulement cachalot bosselé [ physeter polycyphus], et nous dirons
avec le capitaine Hammat, que,par la disposition de ses yeux placés
dans un enfoncement, il ne peut voir, ni en avant de sa tête,ni derrière
lui; ce n’est que de côté et obliquement qu’il peut bien distinguer
les objets. Nous avons laissé subsister le jet d’eau qui sort de
son évent, en tant qu’e au , malgré que tout récemment un marin
fort distingué ait assuré que ce qu’on prend pour de l’eau dans l’expiration
de quelques cétacés, n’est que de l’air chargé de muçus,
qui, au sortir de l’animal, se trouvant condensé par la température
extérieure, se manifeste sous une forme aqueuse, absolument
comme il arrive l’hiver lorsqu’on respire à l’air libre. Voilà
ce que dit M. Scoresby, pour la baleine franche, dans un ouvrage
qu’il vient de publier sur la pêche de cet animai aupóle Nord*.
La manière dont le livre de cet habile pêcheur est écrit rend
son autorité imposante et dispose à croire ce qu’il avance : cependant
nous ne pouvons être de son a v is , et nous allons indiquer
les motifs qui nous portent à nous ranger du côté de l’opinion
généralement admise.
Entre les tropiques, sous l’équateur et dans les localités les plus
chaudes, où nous avons vu des cachalots ou tout autre grand
cétacé, ils lançoient par leurs evens le jet d’eau qui de loin les
fait reconnoître. O r , par une température de plus de 30° centigrades,
comme étoit celle que nous supportions devant les îles
de l’Amirauté lorsque nous aperçûmes deux cachalots, l’air sorti
A moist v ap ou r, mixed with mucous, is discharged from them, when the animal
breathes; but no water accompagnies i t , unless an expiration o f the breath be made under
the surface. {T om , 1, pag. f j â . )
C e qu’ on peut traduire par : U n e vapeur humide, mêlée de mucus, sort de l'an ima l lorsqu'il
respire; mais aucune eau ne l ’accompagne, à moins qu'une expiration ne soit fa ite au-dessous
de la surface.
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