
surprit le plus, ce fut de voir, malgré l’agitation des ondes, les
rapports qu’ils conservoient entre eux, au point que les lignes qu’ils
formoient étoient parfaitement tranchées. Une autre fois ce même
phénomène se reproduisit, à l’opposé du méridien de Paris, en
allant des îles Mariannes aux Sandwich.
Ce ne peuvent être .que des amas de petits biphores à nucléus très-
rouges, que M. Sait a eu occasion d’observer dans la mer Rouge;
mais cette couleur étoit si intense que tout l’équipage du vaisseau
en fut étonné. « C’est vraiment la mer Rouge, disoient les mate-
« lots ; c’est absolument comme le sang qui coule dans une boucherie ;
» si nous disions cela en Angleterre, on ne nous croiroit pas.»
( Sait, Deuxième Voyage en Abyssinie, 1.1 , p. 2.. )
Ces animaux sont très-nombreux en espèces. Nous en avons
beaucoup vu et recueilli : un grand nombre ont été perdus sans être
figurés, et la plupart de ceux que nous donnons ont été dessinés
par notre collègue M. Caudichaud. Si, dans tous, on distingue bien
le nucléus, il n’en est pas de même de la branchie, et encore moins
du coeur, qui sont souvent d’une transparence telle, qu’on ne peut
pas les apercevoir. Nous pensons que lorsque de plus grandes
recherches auront à-peu-près fait connoître l’ensemble des individus,
on pourra les diviser en plusieurs sections, dont ies caractères
bien tranchés reposeront sur la présence ou l’absence des appendices
qui ne servent point de moyen d’union entre eux. Ainsi, par
exemple, on auroit les
i A , U n appendice à chaque extrémité.
1 . " SECTION, ) B- appendices à l’extrémité postérieure,
avec appendices, j C . Plus de deux appendices à l’extrémité postérieure.
BIPHORES. ( ( D . U n seul appendice à l’une des deux extrémités.
2 . ' SECTION, E . Les deux extrémités unies et comme tronquées, ou
sans appendices. bien inégales et rugueuses.
p r e m i è r e s e c t i o n .
A . Un seul appendice à chaque extrétnité.
BIPHORE BIROSTRÉ. — S a l p a m a x im a . Forskal.
PLANCHE 7 3 , fig. p.
Salpa, corpore utroque apice appendiculato, rostrato. Lamk.
L o r s q u e Forskal, un des premiers, fit connoître les biphores,
il donna une assez bonne figure de celui-ci, qui, depuis, a été
copiée par la plupart de ceux qui ont parlé de ces animaux. Nous ne
la reproduirons donc ici que pour montrer leur mode d’agrégation
lorsqu’ils nagent par bandes. Il faut que cette union soit bien forte
pour résister aux chocs divers qu’ils sont susceptibles d’éprouver,
depuis l’instant où, très-petits, ils sortent de l’ovaire, jusqu’à ce
qu’ils aient acquis trois ou quatre pouces de dimension. Quoi que
nous ayons pu faire, nous n’avons rien aperçu dans ceux-ci qui pût
servir à les réunir.
Ils sont de la Méditerranée, et M. Arago les a dessinés de grandeur
naturelle, ayant leur ouverture antérieure presque verticale,
placée du même côté, et l’opposée offrant sur une seule ligne leurs
nucléus d’un jaune orangé. Forskal a figuré une chaîne des mêmes
individus, se tenant seulement par leurs extrémités, et nageant
horizontalement.
Tout autour de nous se trouvoient les adultes de ces memes
animaux, dont quelques-uns avoient jusqu’à sept pouces de longueur.
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