
offrent des différences que nous ferons connoître, et qui les distinguent
de ceux-ci. En générai, ils se désignent eux-mêmes sous
le nom de Papoua, que toutes les nations, à l’exception de la
nôtre, ont adopté ; en français on les nomme Papous; et il paroît
que ceux qui habitent les montagnes de Vaigiou prennent spécialement
le nom èlAüfourous, que quelques voyageurs écrivent aussi
Alforescs et Haraforas.
Cependant, il faut le dire, la proximité de toutes ces îles, qui
commencent au continent de l’Inde et s’étendent presque jusqua
la Nouvelle-Hollande, a dû favoriser tellement le mélange des
individus qui les peuplent, qu’à présent il existe une foule de
nuances qui rendent difficile la détermination exacte de quelques-
unes de ces races. Les Papous sont précisément dans ce cas: ils
nont pas les traits et la chevelure des Malais, ils ne sont pas
nègres non plus; ils nous ont paru tenir le milieu entre ces peuples
et les Nègres, sous le rapport du caractère de la physionomie et de
la nature des cheveux, tandis que le crâne proprement dit a une
forme qui le rapproche heaucoup de celui des Malais. Si l’on
vouloir, parmi tant de notions obscures, avoir recours aux détails
du langage pour faire remonter à une même origine les habitans
de l’archipel^d’A sie, on trouveroit bien quelques mots communs
à plusieurs îles; mais les causes que nous venons d’indiquer ne
peuvent qu’affoihlir l’importance de semblables remarques. D ’ailleurs
on ne connoît pas encore la langue des habitans de la Nouvelle-
Guinée, ou à peine en a-t-on retenu quelques mots, qui ne s’accordent
nullement avec ceux des Papous, comme nous l’avons
vérifie en comparant nos vocabulaires au fragment cité dans l’ouvrage
du président de Brosses.
Voilà des difficultés pour ainsi dire insurmontables, qui n’existent
pas pour les archipels beaucoup moins rapprochés, mais dont les
habitans ont une physionomie et un langage moins variables,
que des croisemens fortuits n ont point dénaturés, et qu’on peut
leur attribuer en propre. Il est aisé de décrire les naturels des îles
Sandwich, de T a ïti, des Carolines, des îles des Amis, &c. ; mais il
est bien plus difficile d’assigner les caractères distinctifs des Timo-
riens, des Ombaïens, et sur-tout des Papous, qui nous occupent
spécialement.
Pendant une relâche de vingt jours sur les îles Rawak et
Vaigiou, nous pûmes nous mettre en rapport avec plusieurs centaines
de naturels qui venoient trafiquer avec nous. Ces communications
directes nous ont amenés à remarquer que les Papous
ont en général une taille moyenne, assez bien prise chez quelques-
uns; cependant la plupart ont une constitution un peu foible et les
extrémités inférieures grêles. Leur peau est brun foncé; leurs cheveux
sont noirs, tant soit peu lanugineux, très-touffus; ils frisent
naturellement, ce qui donne à la tête un volume énorme, sur-tout
lorsque, négligeant de les relever et de les fixer en arrière, ils les
laissent tomber sur le devant. Ils nont que peu de barbe, meme
les vieillards; elle est de couleur noire, ainsi que les sourcils, la
moustache et les yeux. Quoiqu ils aient le nez un peu épaté, les
lèvres épaisses et les pommettes larges, leur physionomie n est point
désagréable et leur rire n’est pas grossier.
Quelques-uns ont le nez moins écrasé que d’autres. Nous en
avons vu qui, avec des traits peu différens, portoient des cheveux
plats, lisses et tombant plus bas que les épaules.
Peut-être devons-nous considérer comme le produit du commerce
d’un Chinois ou d’un Européen avec les Papous, deux
individus dont la peau étoit presque blanche. Cette couleur, jointe
à de longs cheveux lisses flottant sur les épaules, à plus de délicatesse
dans les traits de la figure, à un nez plus effilé, les faisoit
manifestement contraster avec ceux qui les entouroient. La supposition
que nous avançons pourroit être fondée sur ce que les
Européens visitent quelquefois ces parages, et que les Chinois les
fréquentent aussi pour y acheter des oiseaux de paradis.