
CHAPITRE XL
Description des Mollusques.
G enre C A LM A R . — Louco. Lamk.
CALMAR A CROCHETS. — L o l i g o u n c i n a t a . N.
PLANCHE 6 6 , fig. 7 -
Loligo, corpore brevi, nigricante ; alis siibrubris ; tentaculis subcceruleis,
duobus rnajoribus uncinatis, cucurbitidâ destitutis.
C e calmar a été pris dans la mer qui avoisine la terre d’Endracht
; il est représenté de grandeur naturelle, et a sept pouces
de longueur. Son corps, ohlong, a peu d’étendue, et les ailes qui le
terminent forment un losange transversal. Elles sont rougeâtres,
tandis que le haut du corps est d’un Lieu noir avec quelques taches
blanchâtres. Une arête longitudinale règne sur la ligne médiane.
Les yeux sont sailians.
Les dix tentacules ont une couleur bleue piquée de noir ; huit.
garnis de ventouses, ont une médiocre étendue, tandis que ceux
qui dépassent ordinairement les autres, sont très-longs dans cette
espèce, et seulement munis de crochets acérés à la partie interne.
Ce caractère a paru suffisant à M. Lesueur pour former le genre
onychia, et notre individu a les plus grands rapports avec son onychia
angrdata, si toutefois ce n’est pas la même espèce. Voyez \ç. Journal de
l ’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, septembre 1 8 2 2 ,
planches i , 2 et 3 .
Cette famille des sèches est plus commune qu’on ne pense dans
les mers; c’est la principale nourriture des oiseaux grands voiliers.
Les albatros et les pétrels que nous avons tués, en avoient presque
toujours des lambeaux dans leur estomac. En effet, la chair de ces
animaux est très-nutritive, et ne ressemble en rien , si ce n’est par
la couleur, à celle de quelques autres mollusques et zoophytes
pélagiens dont les oiseaux ne paroissent pas se soucier; car nous
les avons constamment vus paroître affamés au milieu de myriades
de biphores, de méduses, de vélelles, de physalies, de por-
pites, &c.
Dans l’Océan atlantique,près de l’équateur, par un temps calme,
nous recueillîmes les débris d’un énorme calmar ; ce que les
oiseaux et les squales en avoient laissé, pouvoit encore peser
cent livres, et ce n’étoit qu’une moitié longitudinale entièrement
privée de ses tentacules; de sorte qu’on peut, sans exagérer,
porter à deux cents livres la masse entière de cet animal. Quelles
devoient être la grandeur et la puissance de ses bras ! A présent,
si l’on veut transporter idéalement une dimension aussi considérable
à un poulpe, dont les tentacules sont excessivement plus
longs, on concevra sans peine qu’un de ces effroyables mollusques
puisse facilement enlever un homme d’un assez grand canot ,
mais non d’un navire de moyen tonnage, et encore moins
faire incliner ce navire et le mettre en péril, comme on a voulu
le faire croire. Péron a vu aussi un calmar gigantesque dans les