
S E C T I O N II.
Des Arachnides et des Insectes.
P l u s i e u r s des pays que nous avons parcourus sont riches en
insectes ; le Brésil sur-tout plus qu’aucun autre. Mais on s’est
tellement livré à ce genre de recherches, qu’il reste aujourd’hui peu
d’espèces à décrire parmi celles qui vivent sur le littoral de cette
contrée. Ce n’est vraiment qu’aux voyageurs qui pénètrent fort
avant dans l’intérieur, qu’il est donné de faire de nouvelles découvertes
dans cette classe d’êtres.
Nous n’avons rencontré, à proprement parler, que deux endroits
qui nous aient mis à portée de faire une récolte, aussi ample
que belle, d’insectes de toute espèce ; ce sont les îles des Papous
et le Port-Jackson. Le premier lieu, placé directement sous l’équateur,
se prétoit merveilleusement, par la nature de son sol tout-à-la-
fois humide et montueux et recouvert d’une épaisse végétation, à
la génération de ces animaux. Les lépidoptères sur-tout y sont
d’une beauté admirable, et pour la plupart inconnus aux naturalistes.
Les espèces que nous donnons, conservées par hasard dans des
boîtes séparées, attesteront ce qu’eût offert le résultat de nos recherches,
si la collection entière n’eût pas été ensevelie sous les
eaux lors de notre naufrage.
Rawak, Boni, Vaigiou,-sont en général pauvres en coléoptères;
quoique les cétoines, les cicindèles, &c. qu’on y trouve, soient très-
helles. A l’exception du rhynchène doryphore, nous n’y avons
presque pas remarqué d’autres individus de la famille des charan-
sons, tandis qu’elle est si nombreuse au Brésil. Parmi ies cicadaires,
il s’en trouve une grosse espèce assez commune, qui fait retentir ies
forêts de son bruit aigu et monotone : il est si fort qu’on l’entend
même de la rade.
Au Port-Jackson, notre voyage au-delà des Montagnes-hleues
nous avoit procuré des espèces très-remarquahles de coléoptères,
de tipules, de sauterelles et de papillons proprement dits ; et même,
dans les lépidoptères nocturnes et les crépusculaires, nous aurions
pu ajouter aux richesses si importantes rapportées de ce pays par
nos devanciers, si cette collection n’eût pas eu, ainsi que celles
que nous avions réunies dans d’autres lieux, le sort de la précédente.
Timor recèle aussi de très-beaux insectes que l’expédition du
capitaine Baudin a dû faire connoître. Ils sont en petit nombre et
peu brillans aux Mariannes, où il n’existe presque pas de coléoptères;
encore plus rares aux Sandwich : il faut aller sur les montagnes et
dans les lieux humides pour y apercevoir quelques papillons. Sur
le hord de la mer, on trouve des fourmilions et de grands sphinx
grisâtres, avec lesquels les enfans s’amusent, en leur attachant à la
trompe un long filament délié qu’ils prennent sur une plante
rampante. Ils nous les apportoient ainsi voltigeant.
Les îles Malouines sont le pays le plus dépourvu d’insectes qu’on
puisse rencontrer. Deux espèces de charansons, un staphylin , sont
les seuls individus que nous ayons pu en rapporter; et comme, à
l’époque de l’automne où nous y étions, la température étoit fraîche,
nous fûmes surpris de la longue conservation des substances animales
exposées à l’air, et dans lesquelles nous ne trouvions jamais
de larves d’insectes.