
pétreis noirs, à croupion blanc, ayant sur chaque aile une large ligne
longitudinale d’un noir plus foncé.
Avant d’entrer au Cap de Bonne-Espérance, dans le mois de
mars, des milliers de ces petits palmipèdes, noirs, tachés de gris
en-dessus, se tenoient constamment dans notre sillage.
Sous la ligne équinoxiale, dans le grand O cé an , par environ
15 0 ° de longitude à l’Ouest de Paris, nous fûmes suivis par une
espèce noire à ventre blanc, à queue fourchue, qui voloit avec
beaucoup de rapidité.
Enfin, après notre départ du Port-Jackson, nous dirigeant vers
l’extrémité Sud de l’Amérique, nous en vîmes beaucoup de noirs à
ventre blanc, mais dont la queue étoit carrée.
Passant des plus petits de ces oiseaux aux plus grands de la même
famille, qui sont entre eux, pour les dimensions, ce qu’un moineau
est à une oie, nous dirons que le pétrel géant habite depuis le cap
Horn et au-delà jusqu’à celui de Bonne-Espérance, et que ses limites
en latitude paroissent être celles de la zone tempérée, hors de
laquelle on l’aperçoit très - rarement. Nous l’avons rencontré aux
Malouines, où même il fit quelquefois partie des mauvais alimens
qui composoient notre nourriture. Nous tenons du capitaine américain
Orne, qui s’occupoit alors de la pêche des phoques dans
ces parages, qu’au printemps ces pétrels venant en grandes troupes
pondre sur la grève, son équipage se nourrissoit en partie de
leurs oeufs, dont il pouvoit charger des canots. D ’après ce qu’a
écrit D e lan o , autre capitaine américain, il sembleroit que ces
oiseaux sont susceptibles de mettre beaucoup d’ordre dans l’arrangement
général de leurs oeufs, et que, vivant à cette époque
comme en république, ils exercent tour-à-tour une surveillance
toute particulière dans l’espèce d’établissement temporaire qu’ils
forment. L e capitaine Orne, qui connoît parfaitement les Malouines
pour ies avoir fréquentées plusieurs fois, ne nous ayant
point parlé de cette particularité, nous n’y accorderons que le
degré de “croyance dû à un fait qui paroît extraordinaire et qu’on
n’a point vu soi-rqême.
A la mer, le pétrel géant peut être pris pour l’albatros gris, dont
il a la taille; toutefois, pour peu qu’il soit proche, on le distinguera
facilement à la protubérance très-saillante que forment sur
son bec les deux rouleaux de ses narines, protubérance qui, chez
l'albatros, est à peine apparente.
Les caractères dont nous allons nous servir pour les espèces ou
les variétés suivantes que nous avons à faire connoître, ne sont
point assez exacts pour être donnés comme sûrs, puisque nous
n’avons pu avoir à notre disposition les individus ; c’est donc
seulement d’après un examen attentif et souvent répété, auquel
nous nous livrions lorsqu’ils passoient et repassoient à toucher
notre bâtiment, que nous nous hasardons à les décrire ; ce qui
est bien insuffisant sans doute. Mais si l’on réfléchit qu’il n’y a que
les albatros et les pétrels qui soient ainsi dans l’habitude d’accompagner
les vaisseaux, il paraîtra aisé aux navigateurs d’appliquer
aux uns ou aux autres ce que nous allons en dire, et de reconnoître
les traits d’analogie qui existeroient entre les espèces qui
s’offriront à leurs regards et celles que nous avons vues dans tels
ou tels parages. A u reste, ce moyen, mis en pratique par des
observateurs attentifs, est peut-être le seul à l’aide duquel on pourra
éclairer l’histoire de ces oiseaux ; car, comme ils n entourent jamais
les vaisseaux que quand la mer est agitée, ii est assez facile de les
tuer, et c’est ce que nous faisions quelquefois ; mais il est rare
qu’on puisse aller les chercher, sans compromettre l’existence des
hommes qui s’y hasarderoient. D ’un autre côté, la plupart des
terres qu’ils fréquentent étant des rochers inaccessibles battus par
les flots, on ignorera encore long-temps quelles sont leurs habitudes
pendant la ponte et féducation de leurs petits.
Près du Cap de Bonne-Espérance, nous vîmes des pétrels gris,
d autres noirs avec une lunule blanche autour de loeil; et entre ce