
à Guam que tous les genres de ces zoophytes viennent s’offrir aux
regards de l’observateur, qui y trouve en outre un air salubre, et
les commodités dont il est donné de jouir dans cette nature de
recherches.
Devant le chef-lieu de l’île, est un récif très-étendu, en dedans
duquel le peu de profondeur et la tranquillité de l’eau ont permis
à ces animaux de multiplier paisiblement. Chaque fois que la
marée étoit basse dans le jour, avant que la brise se fît sentir et
vînt rider Ja surface des ondes, c’étoit là que nous nous rendions
tout habilles , munis d instrumens et de vases pour extraire et recevoir
les polypiers. Nous parcourions avec ravissement cette
solitude sous-marine, semblable à un parterre orné des fleurs les
plus belles et les plus variées. M a is , il faut le d ire , les végétaux
n atteignent point à ce velouté si doux, si suave, sur lequel Je
regard se fixe long-temps sans se fatiguer. Outre l’objet spécial
qui nous attiroit, ces dédales enchantés offroient à notre vue une
sorte de microcosme peuplé de petits poissons, de coquilles, de
crustacés, de vers, enfin d’étres de toute espèce qui y trouvent
l’existence et l’abri.
Les polypes à polypiers ne sont point indifféremment répandus
dans Je lieu que nous venons de faire connoître. Les uns, coriaces
comme les alcyons, ou pierreux comme le millépore hleu et celui
que Ion nomme corne d ’élan, occupent le milieu des courans passagers
que forment Je flux et le reflux. Les eaux y sont plus fraîches ,
et leurs nombreux polypes, étalés à l’extérieur, semblent préférer
1 agitation qu ils éprouvent, à l’immobilité que paroissent rechercher
* Les petits détails paroitront peut-être minutieux ; mais celui qui se munira d’un chapeau
blanc a très-grands bords, qui aura un pantalon, et une chemise boutonnée aux poignets, se
préservera de violens et douloureux coups de sole il, qui font souvent sur la peau l’effet d’un
vesicatoire Porter des souliers est une chose qu’on ne sauroit trop recommander, parce que
dans ces climats, ou le système nerveux est surexcité, on a vu le tétanos survenir à la suite
d u n e simple piqûre d’oursin. Du reste, il seroit difficile à un Européen de marcher dans les
coraux sans chaussure. -
au contraire les méandrines, les astrées et quelques caryophyJlies.
Tous les madrépores proprement dits se trouvent dans les endroits
les plus calmes. Leurs rameaux, portés sur un pédicule commun,
s’étalent en roue ou bien forment des embranchemens ; et lorsque
leur accroissement est considérable, ils laissent en dessous des
cavités dans lesquelles les pieds enfoncent et où l’on peut se blesser.
Assez ordinairement il existe entre eux de petits espaces occupés
par de jolis bouquets d’autres polypiers, dont les animaux, plus
délicats, craignent d’étre froissés. Si le fond est sablonneux, on y
trouve des fongies libres, et d’autres pédiculées adhérentes à une
base pierreuse.
En les considérant dans les détails de leur forme et de leur
organisation, nous dirons que les méandrines fixèrent plus particulièrement
notre attention par leur structure arrondie et par
la variété de couleurs de leurs animaux. Les polypiers ne différoient
quelquefois que fort peu, et souvent pas du tout ; cependant les
polypes étoient blancs dans les uns, jaunâtres, bruns, rougeâtres
dans d’autres, ou bien affectant différentes nuances de violet, et
ceux-ci étoient les plus remarquables; quelques-uns avoient une
couleur d’ardoise ; on eût cru alors voir une téte de nègre, comme
disoit l’homme qui nous accompagnoit. Les méandrines ont une
croissance déterminée qu’elles ne dépassent pas. A in s i, toujours
écartées les unes des autres, elles ne tendent point à s’agglomérer
comme les madrépores et quelques astrées qui propagent indéfiniment
leurs ramifications.
Les polypes occupent le fond des sillons ; ils sont différemment
colorés selon les individus. Lorsqu’on les examine avec
attention, l’on voit qu’ils forment des expansions membraneuses qui
recouvrent les lamelles des ambulacres, mais rarement le sommet
des collines, dont la blancheur indique la ligne de démarcation
qui existe entre ces animaux. Ce sont, à vrai dire, des caryophyllies
ou des fongies très-alongées au lieu d’étre rayonnées. Ils sécrètent