
quand la mer est lumineuse, et il sembleroit même qu’ils contribuent
à lui donner cette apparence ; mais si on les examine quand ils se
tiennent en repos, il est facile de se convaincre que la faculté de
scintiller ne leur est point inhérente, et que l’effet qu’ils produisent
dans cette circonstance est le même qu’on obtiendroit en agitant
dans fonde un corps inerte.
Voici quelques expériences faites sur ces animalcules; elles sont
de peu d’importance il est vrai, mais nous ne les donnons que
pour ce qu’elles valent. En septembre 1817, étant dans la Méditerranée
près des côtes de Miircie, par un calme très-profond,
la mer en parut couverte dans l’espace de plusieurs lieues ; ils
étoient de couleur grisâtre et on les apercevoit à quelques pieds
de profondeur. Ayant rempli un seau de cette eau lumineuse, nous
la gardâmes jusqu’à la nuit, où la phosphorescence commença à
se montrer, en même temps que celle de la mer, mais heaucoup
moins éclatante : ce qu’il faut attribuer à l’impossibilité de renouveler
le liquide de notre vase ; car le propre de tous les zoophytes
et mollusques est de sécréter un mucus qui les entoure et les fait
périr lorsqu’ils ne nagent pas librement dans de grandes eaux. Quoi
qu’il en soit, nous soumîmes les uns et les autres, c’est-à-dire ceux
de la mer et ceux que nous avions auparavant pris dans un seau,
à l’action de quelques réactifs que nous avions sous la main.
D’abord nous versâmes dans le vase qui contenoit ces animaux,
de l’acide sulfurique affoibli ; ils brillèrent tout-à-coup, se
dessinant parfaitement en globules, et finirent par ne plus donner
de lueur. Une nouvelle dose d’acide les fit encore paroître;
mais à la troisième expérience, ils avoient péri, et rien ne put
les forcer à briller de nouveau. L’acide étoit-il pur, ils péris-
soient subitement en répandant une légère lueur. Le vinaigre et
l’acide hydrochlorique produisoient le même effet; le dernier surtout
avec beaucoup plus de force. Il est une précaution à prendre,
c’est de répandre les acides très-doucement et de manière à toucher
le vase; car de l’eau simple, versée d’une certaine hauteur,
fait paroître la phosphorescence ; et si l’on agissoit ainsi
avec les réactifs, on ne pourroit distinguer ce qui dépend de la
cause mécanique, de ce qui appartient à leur action chimique,
laquelle détermine une agitation très-vive parmi ces animalcules
avant de les faire périr. Ces agens, en altérant leur substance, les
rendent un peu plus visibles à l’oeil nu.
La phosphorescence de la mer ne se manifeste pas seulement
entre les tropiques; elle a lieu aussi dans nos parages, et nous
l’avons remarquée jusque par le soixantième degré de latitude Sud,
où elle étoit peu intense il est vrai. L’eau saumâtre ou presque
douce n’est pas non plus étrangère aux effets de ce phénomène,
que nous vîmes reproduits avec force dans la rivière de la Plata.
Quelle en est la cause essentielle! quel est f organe qui, dans les
mollusques les plus simples comme dans les plus composés, sert
à transmettre ces effets à nos regards ! Ce sont des questions auxquelles
on ne répondra peut-être jamais péremptoirement. Nous
nous bornerons à faire une remarque à cet égard ; c’est qu’en étudiant
ces animaux, en en maniant des masses, notre odorat a
toujours éprouvé la même sensation que produit celle d’une grande
quantité d’électricité accumulée sur le plateau d’une machine électrique.
L’observation par laquelle nous allons terminer ce chapitre, est
le fait le plus singulier que nous ayons encore vu en ce genre.
Etant mouillés sur la petite île Rawak, directement placée sous
1 équateur, nous vîmes un soir, sur l’eau, des lignes d’une blancheur
éclatante. En les traversant avec notre canot, nous voulûmes
en enlever une partie; mais nous ne trouvâmes qu’un fluide dont
la lueur disparut entre nos doigts. Peu de temps après, pendant la
nuit, et la mer étant calme, on vit près du navire heaucoup de
ces mêmes zones blanches et fixes.
En les examinant, nous reconnûmes quelles ctorent produites