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d'iieure ils [louvaieul, leur dil-on, eu prenant un sentier
à droite, arriver à la petite cascade du même nom,
au pied de lacpielle se trouve une habitation appartenant
à M. le comte de Scée. Celle-ci passe pour être plus
curieuse que la grande, a cause de sa situation. Cette
considéialion détermina leur choix, et au lieu de poursuivre
leur première pensée, M. Gaudicbaud et ses compagnons
se dirigèrent vers riiabitalion de M. de Scée.
Bientôt après, ils se trouvaient en face de la cbute pittoresque
q u i , tombant d’une hauteur de quatre-vingts
pieds, ou plutôt glissant sur la pénte rapide de la montagne
verdoyante, se divise, selon les accidents du terrain,
en plusieurs nappes dont la blancheur argentée contraste
avec la teinte sombre du fond et produit le plus riche
effet '. C’est près de ce torrent que s’élève l’habitation.
Il-serait difficile de trouver rien de plus pittoresque que
celte petite maison, rarement habitée pourtant par le
propriétaire, à cause de son éloignement de la ville.
« Nous y fûmes bien accueillis, dit M. Fisquet, par des
mulâtres chargés de la garde du lieu , et qui tirent parti
de leur position pour vendre chèrement aux voyageurs
les oeufs de leurs poules et les poissons qu’ils pèchent
dans le torrent. Ce furent en effet les seules provisions
qu’ils purent nous fournir; mais nous y gagnâmes en
même temps une assez, belle provision de coquilles terrestres
qui leur furent généreusement payées, et un j-en-
' Voir planche 8.
seignement assez curieux, mais dont je ne garantis pas
la vérité, sur les habitudes des petits poissons qu’on
nous servit. Ces petits animaux, longs à peu près de 4
pouces, s’amuseraient, s’il faut en croire nos hôtes, â
remonter la cbute d’eau.»
De l’habitation de M. de Scée, les voyageurs, suivant
le cours du torrent , se dirigèrent vers une antre maison
de cantpagne ', aussi bâtie sur ses bords à quelque
distance au-dessus, et dont M. de Gestas, ancien
consul général de France à Bio-Janeiro , est le proprié-
(aire. Après avoir longtemps conservé sa position officielle
à Bio-Janeiro, M. de Gestas, habitué à ce pays,
devenu en quelque sorte le sien, n’a pas voulu le quitter
en résignant ses fonctions. Il partage son temps
entre l’agréable retraite que baigne le torrent de Tijouka,
et une autre retraite non moins agréable, qu’il possède
aussi dans une île au fond de la rade. Le choix de ces
deux séjours fait honneur au goût de notre compatriote.
Les bois qui environnent la maison de M. de Gestas
fournirent aux naturalistes de Bonite une ample
moisson de plantes et d’insectes ; heureux s i , parmi ces
derniers, ils avaient pu éviler les moustiques, surnommés
e/«/;o/Ye-/;fèce, très-communs dans celte localité,
et qui les gratifièrent d’importunes caresses, dont le
cuisant souvenir ne s’effaça pas de plus de quinze jours.
il
* Voir planche 7.