« lie l’aiguille lois du lever et du couclier des astres.
« MM.Folluiau, Gari el et Chaptal assisteront MM-l’ou-
c< chard et Fisquet pour leurs observations, et les cal-
« cilleront.
« MM. de Ylissiessy et Duinartroy seront attachés à
« MM. Darondeau et Chevalier pour leurs observations,
« et les calculeront.
« I.p capilaine de corvette comman dan t,
« Â VAILLANT. «
— Eh bien. Messieurs, que vous en semble ? voilà , je
pense, de quoi distraire vos ennuis et vous occujier
agréablement : dites après cela que le commandant néglige
le soin de vos plaisirs !
L’ordre du jour ue pouvait en ce moment avoir nn
grand intérêt pour ceux qui l’écoutaient; mais devenu
ainsi le texte des plaisanteries du commissaire, il défraya
pour quelques instants la conversation , et la gaieté
se communiquant à la ronde, chacun oublia momentanément
la contrariété qu’ils éprouvaient tous.
Ceux qui n’ont jamais navigué ne sauraient bien comprendre
l’ennui qui résulte de la privation de tout sujet
nouveau d’entretien entre personnes toujours eu présence
les unes des autres, et qui, par conséquent , ont
dù bientôt épuiser tout ce qu’elles pouvaient avoir à se
dire. Le besoin de parler, tant reproché aux femmes,
n’est pas moins impérieux cliez les bommes. S’il se fait
moins sentir jioiir eux à terie, cela tient principalement
à la nature de leurs travaux journaliers, qui suffisent
pour occuper les facultés de leur esprit ; tandis que les
personnes de l’autre sexe, investies des soins domesti-
ipies, ne trouvent à épancher les trésors de leur intelligence
que dans ces entretiens prolongés avec tant de
plaisir, parce qu’ ils sont pour elles le seul moyen de faire
briller tout ce que la nature leur départit d’imagination,
de fraîches et gracieuses idées , souvent aussi de solide
raison.
Mais, à bord d’un bâiiment, les travaux de cabinet ne
sauraieut occuper constamment un marin. Le métier lue
l’élude; la fatigue du corps rend l’esprit paresseux ; bientôt
foisivelé s’ensuit, el l’ennui l’accompagne. Tout sujet
de conversation est alors saisi avidement, si par hasard
un mot, un rien le fait naître. Tout objet nouveau devient
une bonne fortune; une etoile qui file , un oiseau
qui passe, un poisson volant cpii vient s abattre sur le
navire, sont autant d’objets de distraction; rien n e-
chappe à l’attention qui demande à se fixer sur quelque
chose, et tel est, pour le dire en passant, le secret de
tant d’observations, futiles en apparence, mais dont le
rapprochement a souvent conduit à des lésullats scienli-
ficjues c[u’on n’aurait pas même soupçonnés.
Le vent, qui n’avait cessé de souffier avec violence
pendant toute la journée , sembla diminuer un peu vers
cjuatre heures et demie du soir. Cependant la mer était
toujours très-grosse; il était d’ailleurs trop tard pour ex