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pas plutôt sur la Geneviève, qu’ils cherchèrent à s’enfuir
de nouveau. Le commandant de la Bonite les
fit mettre aux fers à son boi d , et donna en échange à
la Geneviève trois autres matelots qu’il avait pris à
Bio-Janeiro pour les livrer à la frégate la Flore. Le
capitaine baleinier parvint à compléter son équipage
avec des matelots anglais , et il put mettre à la voile deux
jours après.
L a d é se rtio n , p rin c ip a le m e n t fu n e ste a u x e x p é d itio n s d e p ê c b c .
La désertion est la plaie la plus profonde de la grande
pêche. C’était pour la prévenir qu’un des capitaines alors
en relâcbe avait pris le parti d’éviter le mouillage , et
qu’il tenait, comme nous l’avons v u , son navire sous
voiles à rentrée de lab a ie , en attendant d’avoir terminé
ses affaires à Valparaiso.
C’est en vain qu’on a cherché jusqu’à ce jour les
moyens de remédier à un mal qui depuis bien des années
compromet les expéditions de nos armateurs et les
rend souvent infructueuses. On avait cru d’abord en
trouver la cause dans la parcimonie qui présidait aux
armements destinés pour la pêche, et surtout dans le
mauvais choix des officiers. On pensa pouvoir l ’atténuer
en encourageant par des primes ce genre d’expédition,
et en imposant aux armateurs certaines conditions relativement
à la composition des équipages ; mais la désertion
conlinua.
. Ce n’était pas tout: des désordres fréquents troublaient
les expéditions de ce genre ; l ’insubordination et la mutinerie
paralysaient souvent l’autorité des capitaines.
Comment en serait-il autrement? remarquait-on à ce
propos : ces capitaines, pour la p lu p ar t, sont des hommes
grossiers, sans éducation et sans capacité. Leur autorité
est partagée ou plutôt dominée par un subré-
cargue étranger au métier de marin, continuellement en
discussion avec le capitaine : quel respect les matelots
peuvent-ils conserver pour de tels cbefs?
Aujourd’bui les officiers baleiniers sont mieux choisis;
ce sont généralement des hommes entendus et d’un caractère
honorable ; les matelots sont mieux tenus à
b ord; mais... ils désertent toujours.
Cela v ien t, dit-on, de ce qu’on ne les paye pas assez.
Voyez les baleiniers américains : cbez eux les matelots
ont une part dans les bénéfices , et cette part suffit pour
élever leur paye au-dessus de ce qu’ils gagneraient sur
les autres navires de commerce. Que les armateurs
français fassent de même, ils conserveront leurs équipages.
L’observation est spécieuse, elle est même vraie jusqu’à
un certain point; on ne saurait disconvenir que la
paye des matelots embarqués sur les baleiniers ne soit
généralement trop faible, et que celte cause n’entre
pour beaucoup dans la mauvaise composition des équipages
de ces Ijâtiments.
Un officier fort distingué, qui accomplissait, il y a
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