m a i; h B on ite do u Jile les M alouiues.
Le 7 mai, la Homte doubla les Malouines et l’oiiver-
lure du détroit de Magellan. Le baromètre descendait
toujours. La brise du N. O. était assez forte, e t , quoique
peu chargée de voiles, la corvette filait de huit à neuf
noeuds. Le ciel couvert d’un voile noir avait une apparence
tempétueuse; mais tout à coup,à deux heures et
demie, ce rideau, qu’on avait cru d’abord formé par
des nuages chargés d’eau , et qui n’était en réalité qu’iin
amas de vapeurs très-denses, ce rideau, dis-je, s’ouvrant
du côté du S. O. , fut refoulé instantanément vers la
direction opposée, et disparut comme par enchantement,
découvrant un ciel pur et nn soleil radieux.
C o in n ic u c e in o a t d e m au v ais tem p s.
Ce fut le dernier moment de beau temps; les prédictions
du baromètre devaient enfin s’accomplir. Déjà
dans la soirée le vent passa au S. O., et dans la matinée
du jour suivant, la mer commença à s’élever plus
forte. Le froid aussi devenait plus vif; si bien qu’il
fallut distribuer à l’équipage les vêtements de laine
accordés pour la navigalion des mers glaciales. Toutefois,
les bommes se trouvaient encore moins incommodés
de cet abaissement de température, que de
l’humidité dont le bâtiment était rempli. Le jeu qu’avaient
pris les chevilles des chaînes des grands haubans
et des baiibans de misaine, laissait à l’ean de la mer de
nombreux passages, par où elle s’introduisait dans le
navire. La ballerie et une partie du faux pont en étaient
constamment mouillées. Rien , on le sait, n’est plus insupportable
et plus malsain que celte humidité fioide;
aussi les bioncbites et toutes les indispositions de
même genre ([lie l’biver enlraine après lui , commençaient
elles à se montrer depuis quel((ues jours. Ce
n’élait pourtant rien encore, en comparaison de ce
qn’on devait souffrir plus tard.
Un vent violent soufflant par rafales de la partie de
r o . S. O . , força de tenir la eorvelle à la cape pendant
les journées du 8 et du 9 mai. De fortes ondees de
neige fondue mêlée de grêle se succédaient incessamment.
La mer, très-grosse , faisait dériver la Bonite, qui
se trouva ainsi rejetée assezloin dans l’Est de la route du
détroit de Lemaiie. Cependant le soleil se montrait de
temps en temps à travers les nuages, et pendant quelques
moments aussi la mer se calmait tout à coup. Le
10 au matin, dans une embellie, on put distinguer la
terre des États, dont la vue fut, bientôt après, interceptée
par la brume. M. Vaillant aurait voulu la reconnaître
dép lu s près, et il manoeuvra pour s’en approcher;
mais l ’état du ciel ne permettait de le faire qu’avec circonspection.
Il avait d’ailleurs fallu renoncer deja à
passer à l’Ouest de cette île. Après avoir vainement essayé
de l’apei'cevoir de nouvean, le commandant donna