successivement ses divers quartiers, cherchant vainement
quelque cliose à admirer; car, dans cette cité de
construction moderne, et dont les rues tirées au cordeau
n’offrent rien de iiitloresqiie, aucun monument
de quelque importance ne captive les regards de l ’étranger.
Quelques églises cependant ne sont pas dépourvues
d’une ceiTaine beauté; et ce soir-là, la cathédrale , avec
ses deux tours resplendissantes de lumière, avait un
aspect particulier qui pouvait faire pardonner la réo^u-
larité monotone de ses formes sans caractère.
En somme , ceux qui venaient pour la première fois
au Brésil, et (pii s’attendaient à voir à Rio-,Janeiro tout
autre cbose qu’une ville semblable aux villes de leur
pays, furent désappointés. Comme cependant il faut à
tout une compensation, même au désappointement, ils
la trouvèrent dans la rue do Oiwidor, où , à défaut des
émotions que procure la vue d’olijets iiouvr'aiix, ils purent
se livrer à celles que cause au voyageur éloigné de
son pays le plaisir de se trouver entouré de compatriotes.
La rue do Omndor, surnommée la rue Vivienne de
Rio-Janeiro, et la plus belle de cette capitale du Brésil,
est en effet habitée presque exclusivement par des marchands
européens, la plupart français; c’est là que se
trouvent réunis les produits de l’industrie parisienne,
prisés par les merveilleux et les élégantes de Rio-Janeiro,
autant qu’ils le sont parmi nous. Les magasins de bijouterie
, de nouveautés , et surtout ceux des marcbandes
de modes, donnent à cette rue un aspect qui lui a valu son
surnom. Or, dans tous ces magasins, on ne trouve que des
Français, on ue parle que français. Séduits, par cette ressemblance,
quelques voyageurs n’ont pas hésité à voir,
dans la rue do Ouridor, la digne rivale d’une des plus
belles et des plus riches de Paris. Les hôtes de la Bonite
lie purent être du même avis, et l’un d’eux , M. Darondeau
, dit avec raison que sans doute ces enthousiastes
se trouvaient encore sous J’influence du sentiment <|ui,
après une navigalion de six semaines, porte à voir en
beau tout ce qui n’est pas l’entrepont d’un navire.
Tout bien considéré, il fallut donc se résigner à ne
voir dans la ville de Rio-Janeiro que ce qu’il y a en
effet, c’est-à-dire une ville fort ordinaire.
Dans ce pays, où la nature est si grande et si belle,
comment le génie de l ’bomme aurait-il pu cbercber à
lutter avec elle de luxe et de splendeur? Quels chefs-
d’oeuvre d ’architecture n’auraient paru mesquins, auprès
de la majestueuse architecture de ses forêts, temples
aux mille colonnes, dont la voûte vivante se perd dans
les nues?
L’bomme de l’ancien monde, transplanté dans ces
riches contrées, n’y a trouvé rien à faire pour le
plaisir des yeux. 11 n’y manquait que des habitations
pourvues des ressources dont riiabitude kii avait fait
une nécessité; ce fut des maisons qu’il se mit à construire.
Encore ne cbercba-t-il pas a ie s approprier aux
exigences particulières d’un climat différent de celui
d’Europe ; car i(à rien ne semble avoir été prévu pour