ses arbres vigoureux coiutue tout ce qui végète clans ce
pays; mais c’est l’homme qui les a jilantés ; sa main se
laisse trop voir clans leur arrangement symélricpie. Or ,
c’est la nature vierge cpie nous voulions admirer dans
toute sa s})lendeur sauvage. Elle esl plus loin , à quelques
pas. Déjà nous a])ercevoiis l’acjneduc c[ui, sur le
flanc d u v a recevoir au pied d’une cascade
les eaux qu’il conduit daus la ville , non sans offrir une
part de ses richesses au pèlerin altéré qui suit la même
route , comme aux habitants des fazendas voisines qui
viennent y puiser librement. Cet acpieduc, donl la construction
rappelle les ouvrages du même genre cpie les
Romains ont semés dans lous les lieux de leur ancienne
domination , commence à trois cjuarts de lieue environ
dn sommet du Corcovado; mais ce n’est d’abord ciuun
ruisseau emprisonné de maçonnerie, qui , contournant
les divers sommets de la montagne, recueille les eaux
cpi’elle produit. Arrivé à la montagne de Saiiile-Thérèsc,
il poursuit sa roule à travers les airs, suspendu sur une
double rangée d’arcades élancées, et traverse ainsi le
vallon qui aé^iAve Sainte-T'hérèse d’ime colline cpii domine
immédiatement la v i l le , et d’où l’eau v ien t , par plusieurs
conduits, alimenter les nombreuses fontaines,
qui la distribuent aux divers quartiers.
<( Le cliemin qui devait nous conduire an haut de la
montagne suit la même direction que l’aqueduc , et
monte ainsi par une pente douce jusqu’à sa naissance ,
c’est-à-dire pendant deux lieues et demie. Nous avaiicious
rapidement dans celle voie délicieuse , sous un
lierceau de verdure et de fleurs, pour arriver à la cascade,
oit la caravane devait faire sa première balte. De
temps en temps cependant, quelques-uns d’entre nous
se détachaient du groupe pour courir après des papillons
gros comme des oiseaux , el des oiseaux petits
comme des papillons, on pour cueillir, au risque de
cuisantes jiiqnres, quelques-unes des plus belles fleurs
cpii croissent là sans le secours de l’art.
« A sept benres et demie , nous nous trouvâmes au
bord du bassin dans lequel l’aqueduc puise ses eaux , et
en face de la cascade qui s’y précipite en bouillonnant.
La gorge élevée d’oii tondre celte nappe d’eau esl entièrement
obstruée par des lîois impénétrables qui dérobent
à la vue le cours du torrent, el ne contribuent
pas peu à donner à ce lieu , où les rayons du soleil
n ’ont jamais pénétré , un aspect mystérieux el vraiment
imposant. J’aurais voulu tout de suite en esquisser l’image
, mais nous avions encore trois quarts de lieue à
faire pour atteindre le sommet de la moulague , et ce
n’était pas la partie la plus facile de notre course ; il ne
fallait pas attendre que la chaleur croissante dn jour vînt
rendre l’ascension plus pénible. Après cpiekpies instants
de repos, chacun se remit donc en marche, el je suivis,
ajournant mon dessin au retour.
«Un quart de lieue plus loin, la roule, jusque-là assez
facile, devient toul à coup très-escarpée et fort glissante ;
cjuehpies cases lialûtées par des nègres marcpieul la slai.
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