Ja mémoire des voyageurs, sans rincident dont elle fut
suivie. L’agitation de la nuit , et pins encore j)eut-être
la clialciir accablante de ralmosjibère, n’avaient permis
à personne de prendre un instant de rei)Os. Tout le
inonde à bord, depuis le commandant jus((ii’au dorniei-
mousse, était resté sur le pont; les uns pour commander
ou exécuter les manoeuvres que réclamait la circonstance;
les autres, attirés seulement jiai' l ’impo-saiit
spectacle (pi’ofli’e un orage des tropiques, lorstpie le ciel
esl incessamment sillonné par la foudre, que de sombres
nuages ju-seiil sui- les (lots, que la mei’ écumeuse scintille
de lueurs pliospborescciites, cpie le veiil mugit dans
les agrès du navire, el tpie la nature bouleversée rappelle
les fantasliques images par lesquelles Miltoii nous
dépeint l’anlicpie chaos. Aussi, quand le malin les vents
et la mer se furent apaisés, quand les rayons du soleil
levant vinrent dissijier les derniers nuages fuyant à l’horizon,
cliaciin se disposa à réparer, par quelques heures
de sommeil, les fatigues de la nuit. Le commandant lui-
même, ajirès avoir passé l’inspection de son équipage,
venait de rentrer chez lui pour se reposer, lorscpie toul
le monde fut ino|)inément rappelé sur le pont par le cri
répété : Un homme à la mer! un homme à la mer!
C ’était le nommé Dahon, matelot de troisième classe,
qui, dans un mouvement de roulis, venait de tomber
dans les flots. L ’ordre est aussitôt donné de mellre la
eorvelle en panne, de jeter la bouée de sauvetage, d’ar-
(iier un canot pour aller au secours du naufragé. Mais
malgré rempressernciit qu’on met toujours a exécuter
de tels ordres, la bouée n’élail pas tombée, le canot
pendait encore aux poiTemanleaux , que déjà Dabon se
trouvait à bord, secouant l’eau de mer qui découlait
de ses vêtements, et bénissant l’nsage du sillomèlre
dont la ligne l’avait sauvé.
Le bonbeur voulut en effet qu’enlraîné dans le sillage
du navire, le matelot rencontrât sons sa main la cor-
dellecpii relient rinslrnmenl destiné à mesurer la route.
S’en .saisir, appeler au secours, et remonter sur la Bon
ite , comme uu poisson pris à la ligue, furent l ’affaire
d’un instant. Ainsi se termina d’ime façon presque comique
une scène toujours saisissante â son début, el dont
souvent l ’issue laisse dans l’âme du marin embarqué de
bien Irisles impressions.
R e c h e rc h e s iu frn c tu c u s e s d es v ig ies d o u te u se s p o rté e s s u r les c a rte s d e V océan
A tla n tiq u e .
La traversée de France an Brésil ne peut guère aujourd’hui
donner lieu â d’imporlanles remarques sous
le rapport de l ’bydrograpbie ; cependant il est encore
plusieurs points de l’océan Atlantique, sur lesquels des
uavigaleurs ont signalé des dangers donl l’existence n a
jamais été bien constatée. Ces dangers, portés comme
douteux, sont autant d’épouvaiitails, qu’il serait fort
désirable de pouvoir effacer de nos cartes, si, comme il
V a toute raison de le croire, la plupart sont imagi