t|ue la pitié vous ârraclie, et que vous rêfuseriez indignés,
si vous saviez à qui elle doit profiler.
L a c o iff u re e n in n s iq u e .
Mais si le noir contribue à la fortune de son patron,
parfois aussi il devient pour celui-ci un instrument de
plaisir. 11 cultive les arts pour l’amusement de l’homme
blanc.
Dans une de leurs promenades du soir à travers la
ville,deuxdenos voyageurs erraient à l’aventure ; quand,
au détour d’une rue où rien n’annonçait une fête,
leur attention est éveillée par le bruit lointain d’un
concert d’instruments. Ils se dirigent vers la maison
d’où les sons harmonieux paraissaient sortir, et se trouvent
bientôt devant la boutique d ’un barbier, assez
éclairée pour qu’on pût du dehors distinguer facilement
ce qui s’y passait. Étendu là nonchalamment dans un
fauteuil de rotin, un blanc se faisait couper les cheveux
par un artiste à peau noire. Le lieutenant de celui-ci,
un flambeau à la main, éclairait son chef, et, pendant
la durée de cette opération peu récréative, deux jeunes
négrillons, accroupis dans nn coin comme deux sapajous,
jouaient du violon pour le désennuyer. Telle était la
cause du concert qui avait attiré nos curieux, à qui le
tableau parut assez nouveau pour mériter une mention
particulière.
P ro m e u a d e a u Corcovodo.
Entre une ville offrant si peu d’appâts à la curiosité,
el la belle campagne qui l’avoisine, nos voyageurs ne
pouvaient hésiter; aussi , a p a r t les courts moments
qu’ils passaient le soir à terre, (juand leur service avait
pendant le jour exigé leur présence soit à bord, soit
dans les observatoires, lonl le temps disponible fut
consacré à des courses dans les bois et sur les montagnes.
M. Fisquet, empressé d’enrichir son album des
vues riantes et pittoresques qu’on y trouve à chaque
pas, n’avait garde de manquer à ces excursions; et
comme il a eu soin de retracer ses impressions daus le
journal de son voyage , c’est lui que je vais laisser
parler :
« — Les deux premières journées de notre séjour sur
la rade, quoique fort activement occupées, avaient paru
bien longues à mon impatience. Retenu à bord par mon
service, j ’enviais le sort des naturalistes de l’expédition
el de nos heureux passagers c[ui, dispensés de tout
autre soin, pouvaient librement parcourir ces riches
campagnes, donl quatre années écoulées depuis mon
premier voyage n’avaient point effacé le souvenir.
« Ni les bruits de la fête célébrée le aâ mai par les
salves de tous les, canons de la rade, ni les visites officielles
faites ou reçues , ni les mille détails des iravaux
de tout genre qu’il fallait s’empresser de terminer, ne
B onite. — Re la tion du voyage. lo