s’y faire seiilii'. I.eur apparilioii dans ces contrées lointaines
est saluée par la reconnaissance des Français
<pii s’y sont volontairement exilés, comme la pluie
bienfaisante par le laboureur dont une longue sécheresse
a fané les moissons. La flamme qui se déploie
en tête de leurs mâts brille dans les airs, comme ces
astres à la longue traînée de lumière, dont l’aspect frappe
d’autant plus les hommes, que leur venue esl plus rare.
Elle vient rappeler aux peuples lointains qu’il existe une
nation grande et puissante dont leurs hôtes sont les
enfants, que sa sollicitude veille sur eux pour les protéger,
et venger au besoin leurs injures; mais elle leur
apparaît aussi comme un gage d’alliance et de p a ix ,
lorsqu’ils se montrent justes et bienveillants envers ceux
de nos compatriotes qui, en échange des profits d’nn
loyal commerce, vont les initier aux avantages de noire
civilisation , et leur porter les fruits de notre industrie.
Le passage, quelque rapide qu’il soit, d’un bâtiment
ayant cette mission, produit toujours le meilleur effet.
C’est un événement lieureux, à l’envi célébré, non-seulement
par les Français, mais aussi par tous les Européens
établis dans le pays, et par les indigènes eux-
mêmes. Aux uns, il rappelle la patrie absente; il relève
aux yeux des autres l’importance des agents denotre gouvernement
et des représentants de notre commerce. Les
officiers et l’équipage du bâtiment sont reçus et fêtés
avec joie; il n’est pas de difficultés qui ne s’aplanissent
dans celle licureuse circonslance. La confiance, la bonne
foi, qui sont l’âme et la vie des relations commerciales,
succèdent aux rivalités qu’un trop long isolément a pu
faire naître; et, quand le navire s’éloigne, pour aller
semer ailleurs les mêmes bienfaits, des regrets unanimes
se mêlent aux acclamations qui saluent son appareillage.
B u t d u v o y ag e d e la B on ite .
c ’était une mission de ce genre que devait remplir la
corvette la Bonite, dont M. Vaillant, alors capitaine de
corvette, reçut le commandement.
Plusieurs consuls récemment nommés attendaient
l’occasion de se rendre aux lieux de leur résidence. La
route à suivre pour les y porter devait d’abord conduire
la Bonite sur les côtes d’Espagne, traverser l’Atlantique,
contourner le continent de l’Amérique méridionale, sillonner
le grand Océan, la mer de Cbinè, la mer des
Indes, et remonter ensuite, après avoir doublé le cap
de Bonne-Espérance, pour se terminer à Brest. Elle
offrait, comme points de relâche : sur les côtes américaines,
Rio-Janeiro, Montevideo, Valparaiso , Cobija,
Lima, Cuayaquil ; dans l’Océan, les îles Sandwich ; dans
la mer .de Chine, Manille, capitale des Philippines,
Macao et Canton, les seules portes que l’ombrageuse
politique des Chinois entrouvre aux étrangers pour recevoir
les produits de leur industrie, et leur livrer au
poids de l’or les feuilles desséchées d’uu petit arbuste