lioule, elle évokiail avec une athuirable précision dansles
inteivalles sinueux cpie les glaces laissaient entre elles'.
Ceci se jiassail le a/i mai. Depuis deux jours le nombre
des iles et des bancs à fleur d’eau avait considérablement
augmenté. Ce qui les rendait encore plus dangereux,
élait la multitude de glaçons de toute grosseur qui les
entouraient ou se détacbaieul des principales masses ,
et qu’il était fort difficile d’éviter ; aussi redoublait-on
de vigilance. Pendant la nuit, la surveillance était exercée
par le commandant lui-méme, qui se faisait attacbei'
sur le gaillard d’avant pour veiller par ses propres yeux.
11 ne quittait ce poste d’observation que pour le céder à
son lieutenant, M.Pirouneau,cjuivenait veiller àson tour.
Ces précautions furent récompensées par le succès.
La corvette n’éprouva pas le plus petit c b o c , même
pendant la nuit obscure du a3 au 24 mai, qui fut la
plus pénible de toutes.
Les vents avaient tourné au S. O. depuis le matin
du a3 , el la Bonite, ayant changé d’amures, s’élevait
rapidement vers le Nord. Les pronostics de mauvais
temps ue s’étaient pas réalisés, et l’on approchait du
momeni où toute inquiétude allait disparaître.
a 5 m ai ; la B on ite s o rt d e la z o n e d es g laces.
Le 25, quelques glaces parurent encore ; mais ce furent
‘ V oir, clans ralb u ni h islo riq iie, la planche n° 14.
lesdernières. On arrivaitalors sur le parallèle ducapyJ/Va/'.
Déjà la température commençait à devenir moins
dure , et bien que la neige tombât encore en abondance,
le thermomètre remontait sensiblement.
Depuis ce moment jusqu’à Valparaiso, rien ne vint
plus contrarier sérieusement la traversée; les vents
étaient favorables : on en profita.
Le 29 mai était un dimancbe, jour de repos et de plaisir
pour l ’équipage de/a Bonite. Le beau temps, revenu
dès la veille, avait disposé tout le monde à fêter joyeusement
cette journée. On s’y prépara le samedi, en remettant
à bord de la corvette l’ordre et la propreté que
les glaces, les neiges et les frimas avaient forcé de
négliger depuis plusieurs jours. Un soleil radieux
favorisait cette opération, importante surtout au point
de vue de la santé généiale. On put ouvrir enfin les sabords
pour aérer le bâtiment et faire sécber les vêtements
des matelots , qui eux-mêmes éprouvèrent un véritable
bonheur à laver à l ’eau chaude leur figure gercée par
la bise, et souillée d’une cuisante croûte de sel.
L e s b a r om è t r e s , in f lu e n c é s le s jo u r s p r é c é d e n t s p a r le
voisinage des glaces et l’action des brouillards, avaient
repris leur allure normale ; ils montaient uniformément
et annonçaient le beau temps.
L a g a ie té re u a ît p a rm i les v o y a g e u rs.
Chacun se sentait revivre et ne songeait plus (pi a la