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Bonite coupa le tropique du Cancer, par 21“ 5q' de longitude.
Je n’ai pas l’intention de suivre pas à pas la marche
journalière de la corvette, pendant sa traversée de
France an Brésil ; il me suffira de rapporter ici les circonstances
les plus intéressantes de cette navigation, el
de donner une idée générale de l’emploi du temps pendant
ces longues journées, si uniformes, lorsque le
journal de bord peut ^s’analyser par ces deux mots proverbiaux
: heaa temps, belle brise.
Le plus grand ennemi que puisse redouter un capitaine,
dans une longue campagne en temps de paix, est
pcnl-êlre renniii et le dégoût, qui trop souvent s’emparent
de son équipage, el qui enfantent alors presque infailliblement
la nostalgie, l’indiscipline, la désertion et tous
les maux qui en découlent; on ne saurait prendre trop
de soins poni- prévenir d’aussi fâcheux résultats. M. Vaillant
le savait bien; aussi s’était-il d’avance tracé dans
ce but nn plan de conduite, dont il commença l’application
dès le départ, et qu’il suivit avec succès pendant
tout le cours de la campagne. Tenir l’équipage constamment
occupé, tout en variant autant que possible ses
occupations; lui procurer de temps en temps tous les
amusements compatibles avec les ressources et la discipline
du bord, voilà en deux mots son système.
E m p lo i d u tem p s à b o r d ; e x e rc ic e s diver.s.
Ainsi, toutes les fois que la manoeuvre n’exigeait pas
le concours incessant de tons les bras; des que le temps
[lermettait de laisser le bâtiment pour ainsi dire livré
à lui-méme, les divers exercices propres à former les
bommes au métier de la mei- se succédaient sans interruption.
Tantôt c’étaient les mousses qui, sous les yeux
des matelots les plus expérimentés, allaient apprendre
dans le haut de la mâture à seri'er les voiles de perroquet
oq de cacatois. Une aulre fois les novices s’exercaient
avec ordre limonier sur les vergues, pour s’habituer
à prendre on larguer des ris. L’exercice du canon
et de la caronade venait à son tour captiver l’attention
de la moitié de l’équipage, qui, un aulre jour, devait
se livrer, sous la conduite du chef de la compagnie, à
l’étude du maniement du fusil, du sabre, de la pique
d’abordage; car le marin doit être soldat, et rien de ce
qui concerne la noble profession des armes ne saurait
être négligé par lui.
Quand la pluie ne permettait de laisser sur le
pont que les bommes actuellement de service, on occupait
les autres dans l ’intérieur du navire, a des travaux
non moins utiles. Alors ils apprenaient a faire les
divers ouvrages de garniture, les amarrages de toutes
sortes qui doivent être fauiiliers au marin ; ou bien il
leur était délivré de la paille el du fil, avec lesc[uels