le thermomètre marquait de i 5 à 17 degrés au-dessus
de zéro, et si de jour eu jour (juelques nouveaux malades
venaient réclamer les soins du chirurgien-major ,
plusieurs aussi se rétablissaient journellement; en sorte,
qu’au lieu d’augmenter, le nombre des hommes hors
d’état de prendre part aux opérations du bord tendait
au contraire à diminuer de jour en jour, M. Vaillant
comptait avec raison, pour obtenir ce résultat, sur 1 influence
des régions plus chaudes vers lesquelles il se
dirigeait; aussi appelait-il de tous ses voeux le momeni
où ta Bonita devait se trouver dans ces parages priviléiies.
D u 16 a u 2 0 fé v rie r.
La brise de N, E. j cjui soufflait au départ de Cadix ,
se soutint jusqu’au 20 février, avec de légères variations
de direclion et de force, et conduisit la corvette dans
le voisinage des Canaries. On n’allait pas vite, mais du
moins jusque-là rien n’avait empêché de suivre directement
la route tracée à la Bonite. Le faible sillage du
bâtiment ayant du reste permis a M. Gaudicbaud de se
livrer pendant ces trois jours à la péclie des animaux
pélagiens, valut à l’expédition un commencement de richesses
scientifiques. Plusieurs individus appartenant à
la classe des mollusques et à celle des zoophytes, furent
pris dans ces parages.
Un souffleur qui s’approcha du navire le 2 i , dans la
matinée, fut de moins bonne composition ; un matelot
nommé Laria lui lança vainement son harpon d’une main
sûre de son coup; l’animal blessé et perdant tout son
sang emporta dans ses flancs l ’arme meurtrière, en brU
saut la hampe comme un roseau; et le matelot ébahi,
regardant tour à tour son harpon brisé el la traînée de
sang qui serpentait sur les flots, jura, entre ses dents,
de mieux prendre ses précautions à l’avenir.
21 fé v rie r.
Le vent jusqu’alors favorable changea brusquement
de direction à la suite d’un grain qui se déclara dans la
matinée du 21 février. La Bonite, qui faisait route pour
passer entre Ténériffe etCanarie, poussée vers la côte
d’Afrique par une forte brise d’Ouest, se trouva portée
sur l’île d’Allegianza, qu’on reconnut dans la journée,
et dont la position fut déterminée au moyen de deux
stations hydrographiques.
J [Ie d ’A llé g ra n z a .
Vue de la partie du nord, l ’île A’Allegranza, la plus
septentrionale des Canaries, se détache vigoureusement
sur le second plan formé par les îles Clara , Graciosa
et Lancerotte. Une large vallée, assez élevée au-dessus
du niveau de la mer, en occupe le centre, et divise cette
terre en deux parties, dont l’une à l’Ouest présente l’as-
B o n ite . — R elation d u ^>ojage. 7