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Le, I®' mai , dès le matin , l’équipage en grande tenue
élait réuni sur le pont. Le commandant, entouré de son
étal-major, en passa l’inspection, et adressa à tous ses
compagnons de voyage une allocution analogue à la
circonstance. Ses paroles, empreintes de dévouement
et de patriotisme, devaient trouver de l’écho dans tous
les coeurs ; elles furent accueillies par d’unanimes acclamations.
L’annonce d’une double ration, accordée à
l’équipage, pour boire a la santé dn Roi, souleva, comme
on peut bien le croire, dè nouveaux vivat. Dès ce moment
commencèrent les réjouissances, ,1’ai décrit ailleurs
les amusements favoris de l’équipage; ce que j ’en
pourrais dire ici ne serait qu’une répétition. Seulement,
comme 1a même cbose acquiert plus ou moins de valeur,
selon la disposition d’esprit de ceux qui en jouissent,
les danses et les jeux , plus bruyants que jamais ,
se ressentirent ce jour-là de l’enlbousiasme dont tout le
monde élait animé.
Les ofiiciers donnaient l’exemple. Plusieurs, invités
par le commandant, se réunirent à sa table avec les
consuls passagers. M. Vaillant eût bien voulu n’en excepter
aucun, mais à bord d’un navire plus qu’ailleurs,
on est bien obligé de régler sur la place le nombre des
convives. La gaieté d’ailleurs n’en souffrit pas : les toasts,
les chants, les éclats de la joie, parlant à la fois dn
salon du coinmandanl et du carié de l’elat-major , se
confondaient en un seul concert d’allegresse qui se
prolongea très-avant dans la soiree.
La nature elle-même semblait sourire aux plaisirs des
lieureux habitants de la Bonite. Les nuages, qui, pendant
la nuit, avaient empêché d’observer jusqu’à la fin
une éclipse de lune, survenue a trois lieures du matin ,
s’étaient dissipés avant le jour. Le ciel était pur, la mer
belle, la température douce. Les oiseaux communs dans
ces parages, et qui depuis Montevideo s’élaienl coiis-
lilués comme les gardes du corps de la corvette, volli-
<geaieiit autour de ses mâts el animaient la solitude de
la mer. Parmi eux ou remarqua ce jour-là un albatros
de grande dimension , el d’nne espèce qui ne s’élail pas
encore montrée. Son plumage, couleur de rouille sur
les ailes, le dos et autour du col, le distinguait autant
que sa grande taille des pétrels et des damiers dont il
était entouré.
Pendant ce temps la Bonite avançait ; deja elle avait
laissé derrière elle le cap Corientes-; le lendemain a
midi elle franchissait, à 80 lieues dans l’L s l , le parallèle
de la baie de Tous les Saints, recrutant sur sou passage
de nouvelles troupes d’oiseaux, parmi lesquels les albatros
aux longues ailes devenaient de plus eu plus nombreux.
Le 3 mai elle dépassa Bahut uueva; sa marclie
s’accélérait à mesure qu’elle gagnait du cbemin dans le
Sud , grâce an changement de direction des vents, (pii
.semblaient vouloir se fixer vers le Nord. Le jour suivant,