(Irais pas en médire; tuais à voir leur reclierclie el l’af-
lluence des cavaliers se pressant sur leurs pas, je n’ai
pu me défendre de penser tpte , même aux pieds des
autels, la dévotion n’était point leur unique pensée.
« Ce n’est pas non plus la dévotion toute seule qui a
réglé le cérémonial de la procession que j ’ai suivie le
vendredi .saint. Au spectacle pour moi fort étrange de
ce cortège religieux, je me figurais voir défiler les
liommes des siècles qui ne sont plus ; je me trouvais
reporté aux premiers temps de notre histoire, el il me
semblait assister à la représentation d’un de ces mystères
qui tenaient lieu d’opéra à nos Ivons aïeux.
«En tête du cortège ', marcbaient avec gravité une
file de religieux, vêtus debíanos manteaux de laine et de
longues soutanes noires ; ils doimaieut la main à autant
de [vetits auges, assez peu ressemblants peut-être à ceux
i|u’ou trouve en paradis, mais qui n’en étaient pas moins
curieux à voir; c’étaient de cbarmantes jeunes filles,
couvertes d’or et de pierreries. Leur corsage brillant el
délié contrastait avec l’ample développement de leurs
robes à paniers, qui descendaient à peine au-dessous
du genou. D’énormes touffes de fleurs et de plumes
foi maient leur splendide coiffure, et enveloppaient leur
jolie tête de cbérubiu ; de grandes ailes blanches,
bleues ou roses, complétaient leur costume angélique,
auquel servait d’accompagnement une giaiide pièce de
‘ Tout ce (]tii suit est extrait des notes de M. Uaioudeaii.
gaze montée sur baleines, et figurant le nuage sur lequel
ces gardiens du céleste empire étaient descendus au
terrestre séjour.
« Chacun de ces petits anges portait quelqu’un des
attributs de la passion.
«Venaient ensuite trois grandes figures vêtues de
noir de la tête aux pieds, le visage couvert d’un masque
noir, et portant l’auréole d’or, symbole de la sainteté.
« Après eux, la sainte Madelaine qui a si bien frappé
notre ami Lauvergne, et qui, par sa beauté, était parfaitement
digne de représenter sa patronne. Un beau
jeune homme, dont le costume et l ’aiiréole d’or désignaient
sans doute saint Jean l’évangéliste, marchait
à ses côtés.
«Ils précédaient la sainte Vierge, mais une vierge
vivante, portée en triomphe par des guerriers romains.
«Autour du dais fort riche, sous lequel était le
saint sacrement, figuraient aussi le bon et le mauvais
larron; sans oublier Ponce-Pilate, en costume de chevalier,
qui, la lance au point, se demenait comme un
héros de mélodrame.
« La marcbe était fermée par la musique militaire el
par une foule innombrable, dont chaque individu,
aussi bien que les acteurs principaux, avait à la main
une torche allumée.
« Quelque bizarres que pussent paraître les détails que
je viens de décrire, il faut pourtant convenir que 1 ensemble
de la cérémonieétailvraiment beau. Cette pompe,