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IVapperonl ses oreilles. Une harpe et une guitare, accompagnant
la voix uazillarde d’une vieille négresse, annoncent
de loin la maison ' où le peuple va jouir des plaisirs
du ])al, el que font distinguer bien mieux encore
les bruits confus de voix et les rires bruyants de la joyeuse
société qu’elle réunit L
Chacun peut entrer librement dans ce séjour, dont je
ne donnerais (pi’une idée imparfaite en le comparant
aux bals publics fréquentés par les étudiants de Paris.
A Valparaiso, aucun agent de l’autorité ne préside officiellement
aux plaisirs des sectateurs de Terpsicbore.
La Samaqueca et le Zapateado qu’on y danse, avec accompagnement
de chansons, fournissent à cette jeu nesse
licencieuse l’occasion de faire applaudir ses grâces
lascives, et une certaine verve de plaisir dont on trouverait
peu d’exemples ailleurs. Permis à l’étranger de
figurer, s’il lui p la ît , dans ces danses animées. Bien
des sirènes agaçantes se chargeront volontiers de guider
ses pas inexpérimentés , et d’exalter son imagination au
niveau de leur folle joie. Je n’ai pas besoin de dire que
leurs avances séduisantes ne sont pas toujours dédaignées
Mais si, plus sage, il préfère aux attraits d’ une danse
trop liljie, le rôle plus paisible de simple observateur,
' L a C hingana.
* M. D arondeau , notes.
3 Ibid.
Ll
il peut tout à son aise poursuivre ses remarques physiologiques
en passant dans une salle vo is ine , où des
rafraîcbissements de tout genre lui seront fournis pour
quelques medios Les sujets d’étude ne lui manqueront
pas ; et bientôt il pourra se rendre compte du véritable
caractère de ce peuple , qui ne prend la peine
de dissimuler ni ses qualités , ni ses défauts; et qui a le
privilège de se rendre agréable aux voyageurs qui le visitent,
autant par les uns que par les aulres.
M isè re d u p e u p le .
On pourrait croire, par ce que je viens de dire, que
l’aisance, condition oliligée du loisir, est le partage de
la masse des habitants de Valparaiso. 11 n’en est rien
cependant ; et malgré le luxe qui exerce son empire
jusque sur les dernières classes de la population , elle a
cependant, quand on la considère de plus près, un
aspect assez misérable. L ’amour effréné du plaisir tient
lieu, pour le plus grand nombre, du bien-être intérieur
que procure le travail. La paresse et la volupté se partagent
leur existence; aussi ne faut-il pas trop approfondir,
si l ’on veut conserver la première impression
que causent les brillants dehors dont on est d’abord
frappé. J’ai déjà dit qu’un cbàle éclatant cachait sou-
M. D arondeau , notes.