la fuile. Poui' mieux s’assurer les moyens de réussir, il
avait essayé de débaucher un certain nombre de matelots,
el il élait parvenu à en déterminer plusieurs à
partir avec lui. La nuit du 19 au ao juin lui parut favorable
à l’exécution de ses desseins, ll était de quart de
minuit à 4 lieures. Un de ses complices, le matelot An-
llioine, fu tp ar lu i placé en faction sur le gaillard d’avant,
et chargé d’épier le moment où, quelque circonstance ap-
jielant ailleurs l’attention de l’officier de service, ilspour-
raient, sans être vus, s’emparer du canot et s’enfuir. Parau
étaitaux fers ; Astia commença par le délivrer, et cbacim
se tint prêt à agir. La circonstance attendue se produisit
enfin un peu avant quatre heures. Astia donna le signal,
et s’embarqua le premier dans le canot; il y fut aussitôt
suivi par les six matelots que j ’ai nommés plus haut.
Plusieurs autres étaient entrés dans ses projets; mais ils
hésitèrent au moment de l’exécution.
Ces détails donnés par les prévenus eux-mêmes ne
laissaient aucun doute sur la part que chacun d’eux
avait prise au complot ourdi par Astia. Le conseil, après
une courte délibération, prononça à l’unanimité contre
les deux plus coupables, Antboine et Parau, la peine de
la cale, et condamna les quatre autres à recevoir douze
coups de corde au cabestan.
L e n a rv a l.
Ce jugement venait d’étre rendu , quand arriva au
mouillage un navire baleinier français. C’était U; Narval,
armé à Dieppe, et commandé par le capitaine Seminel.
I/insubordination et le désordre, fomentés pai- deux
liommes de l ’équipage, régnaient à bord de ce navire ;
et l’autorité du commandant y était tellement méconnue,
que c’était malgré lu i, et contraint par ses matelots,
qu’il était venu relâcher â Valparaiso.
Le capitaine Seminel, en apercevant sur rade un
liâtiment de guerre français, bénit le ciel de cette rencontre
inattendue. Il se jeta dans le canot que M. Vaillant
s’était empressé d’envoyer pour lui porter ses offres
de service, et vint à bord de la Bonite faire son rapport
au commandant, et réclamer l ’intervention de
son autorité pour rétablir l ’ordre sur son navire, et punir
les mutins qui l’avaient troublé.
Au moment où le capitaine baleinier parut sur le
pont, l’équipage de la Bonite écoutait, eu silence,
la lecture du jugement prononcé contre les déserteurs.
Les coupables étaient là, l’air morne et la tête baissée,
regrettant à cette heure leur funeste égarement, maudissant
le contre-maître qui les avait débauchés , et
abattus, moins encore par la crainte du châtiment qu’ils
allaient bientôt subir, que par la honte d’étre ainsi
livrés en spectacle à tons les bâtiments réunis sur la
lade.
En recevant la plainte du capitaine Seminel, M. Vaillant
jugea qu’il convenait de profitei- de la circonstance
pour donner une leçon aux matelots du Narval, en im