Qiu'l(|iies hommes veillaieiil en silence, immobiles à
lenr poste, et l ien ne troublail le sommeil paisible donl
aussi obscure que celle que nous venions de passer, nous n’eussions
été abordés par aiicmi de ces dangereux glaçons.
« C ettegrande brise de S. O. au S. S. O ., aocom pagnée de violentes
rafales et d’iuic très-grosse m er, a d u ré , avec des ondees continuelles
de neige, de grésillons et de pluie de neige fondue , ju sq u ’au 3o m ai.
Elle nous a éloignés desiles de glace, dont les dernières ont été vues le
2.5. Nous étions alors p a r 55° iq ' de latitu de et 87" S g 'd e longitude.
Ainsi, dans une étendue de près de 3° et dem i en latitude et 8° en long
itu d e , nous avons navigué constam m ent au m ilieu des iles et des
bancs de glace; navigation d’un danger d ’autan t plus ém inent que
nous la faisions en liiver, p en d an t des nuits de plus de 16 heures , p ar
des tem ps déjà très-o bscurs, que des ondées de pluie et de neige ren daient
encore plus som bres, et avec des vents parfois très-violents et
une m er toujours très- grosse.
« J’ai consulté bien des in stru ctio ns sur le passage du cap H orn ; j’ai
pris bien des inform ations auprès des m arins expérim entés qui l’ont
double dans les deux saisons ; je n’ai pas appris qu ’nn b âtim en t, soit à
l’E st, soit à l’O uest de ce cap, m êm e en hiver, soit resté aussi longtem
ps que la Bonite m ilieu des glaces et dans une zone aussi étendue
en longitude et en latitude. Je fais cette observation p ou r faire sen tir
com bien est peu fondée l’opinion de certains navigateurs su r la chance
de ne pas ren co n trer des glaces lorsqu’on'd ou b le le cap H orn p en d an t
l’hiver de ces régions australes.
« Le 3 ju in nous nous trouvions su r le parallèle de la p o in te Sud
de Chiloé, à i 5o lieues dans l’O uest de cette ile. Du 3 au 7, nous
avons continué n o tre ro u te pour V alp araiso , avec des vents variables
de l’O uest au Sud et du Sud au N ord en passant p ar l'E st, soufflant
presque constam m ent avec violence, accom pagnés de p lu ies, de trèstoul
le reste de lequipage jouissail pour la premtère (ois
depuis bien des jours. A ce spectacle, si différent de cegrosse
m er, d u m auvais tem ps enlin. Le 7, nous nous somm es trouves
en calm e p ar un tem ps m agnifique ; mais le 8 et le 9, nous avons lait
route avec jolie brise du N . 0 ., assez beau tem p s, quoique le ciel et
su rto u trh o riz o ïi fussent chargés de bi ume.. D ans la n uit du 9 au 10,
d ’après la longitude donnée p a r les m o n tres, je suis venu p ren d ie
connaissance des côtes du Chili, et le 10 dans l’a p rès-m id i, nous
avons je té l’ancre s u rla rad e de V alparaiso.
« L a navigation sous le ciel de fer de ces latitudes élevées est très
pénible p our les équipages, p a r l’âpreté du clim at et le froid que l’on y
éprouve. L ’atm osphère est constam m ent rendue hum ide par des
ondées de neige ou de pluie de neigé fon d u e, e t cette hum idité esl
telle, que rien ne sèche à b o rd ; de sorte que les hom m es sont dans
l’im possibilité de faire sécher leurs vêtem ents. La m er y étant violem m
ent agitée par les vents im pétueux qui y rég n ent presque conliiiiiel-
lem en t, il en résulte q u ’elle est toujours très-g ro sse, de sorte que la
b atterie de la corvette était continuellom ent inondée.
«L es vents que nous avons trouvés depuis les Malouines jusipie
p ar la latitude du cap P ilar (à l’O uest du d étro it de M agellan), ont été
des vents du N ord au Sud eu passant p ar l’O uest; mais les plus l'ié-
quciits étaient ceux du N . O. au S. O. Q uan t à l’influence que les.
navigateurs qui o n t écrit su r la navigation du cap H o ru ,a ttrib u e n t
au vent sur l’état du ciel aux environs des terres-M agellaniqucs, elle
est loin de s’acco rd er avec les observations que nous avons été à
môme de faire. A ussi, plein de conliaiicc dans leurs in stru ctio ns, je
m’atten dais à ce qu’avec des vents de N. O . et de N. N. O. le ciel fût
très-couvert et qu’il p lû t b eau co u p , mais que sitôt que les vents
varieraient de l’O . à l’O . S. O. et enfin au S. O ., le clcl se dégagerait et
deviendrait clair. Eli bien, nous avons eu coustainm eut uu ciel cou