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pliiy Davy attribuait ce curieux pliénouièiie, non à des courants
sous-niarins qu i, arrêtés dans leur marcbe, remonteraient
le long des accores du banc et glisseraient ensuite à sa surface,
mais an rayonnement. Par voie de rayonnement, surtout quand
le ciel est serein , les couebes supérieures de l’Océan doivent
certainement se refroidir beaucoup; mais tout refroidissement,
si ce n'est dans les régions polaires où la mer est à près de
o° de température, amène une augmentation de densité et un
mouvement descendant des coucbes refroidies. Supposez un
océan sans fond ; les coucbes en question tombent jusqu’à une
grande distance de la surface, et doivent en modifier très-peu
la température ; mais sur un haut-fond, lorsque les mêmes causes
opèrent, les couches refroidies s’accumulent, et leur influence
peut devenir très-sensible.
Quoi qu’il en soit de cette explication, tout le monde sentira
combien l’art nautique est intéressé à la vérification du fait
annoncé par Jonathan Williams, et que diverses observations
récentes ont semblé contredire; combien aussi les météorologistes
accueilleront avec empressement des mesures comparatives
de la température des eaux superficielles prises en pleine
mer et au-dessus du haut-fond; combien surtout ils doivent désirer
de voir déterminer, à l’aide du thermométrographe, la
température de la couche liquide qui repose immédiatement sur
la surface des hauts-fonds eux-mêmes.
H a u te u r d es v ag u es.
Les jeunes officiers dont se compose l ’état-major de la Bonite
seront probablement bien surpris, si nous les avertissons qu’aucun
de leurs devanciers n’a résolu, d’une manière complète, les
questions suivantes : Quelle est la plus grande hauteur des
vagues pendant les tempêtes? quelle est leur plus grande d imension
transversale? quelle est leur vitesse de propagation?
La hauteur, on s’est ordinairement contenté de l ’estimer. Or,
[)ouT montrer combien de simples évaluations peuvent être en
erreur; combien sur uu pareil sujet l’imagination exerce d’in-
lluence, nous dirons que des marins, également dignes de
confiance, ont donné, pour la plus grande hauteur des vagues,
les uns, cinq mètres, et les autres trente-trois. Aussi, ce
que la .science réclame aujourd’hui, ce sont, non des aperçus
grossiers, mais des mesures réelles dont il soit possible d’apprécier
l’exactitude numériquement.
Ces mesures, nous le savons, sont fort difficiles ; cependant
les obstacles ne paraissent pas Insurmontables, et, en tout cas,
la question offre trop d’intérêt pour qn’on doive marchander
les efforts que sa solution pourra exiger. Nous ne doutons pas
qu’en y réfléchissant, nos jeunes compatriotes ne trouvent eux-
mêmes les moyens d’exécuter les opérations que nous sollicitons
de leur zèle ; au reste, quelques courtes réflexions pourront
les guider.
Supposons, nn moment, que les vagues de l ’Océan soient
immobiles, pétrifiées ; que ferait-on sur un navire également
stationnaire et situé dans le creux de l’une de ces vagues, s’il
fallait en mesurer la hauteur réelle, s’il fallait déterminer la
distance verticale de la crête et dn creux ? Un observateur monterait
graduellement le long du mât, et s’arrêterait à 1 instant
où la ligne visuelle horizontale, partant de son oeil, paraîtrait
tangente à la crête en question; la hauteur verticale de l’oeil,
au-dessus de la surface de flottaison du navire, toujours situé,
par hypothèse, dans le creux , serait la hauteur cherchée.
Eh bien, cette même opération , il faut essayer de la faire an
milieu de tous les mouvements, de tous les désordres d une
tempête.
Sur un navire en repos, tant qu’un observateur ne change
pas de place, l’élévation de son oeil au-dessus de la mer reste
constante et est très-facile à trouver. Sur un navire battu parles
flots, le roulis et le tangage inclinent les mâts, tantôt d’un
côté, tantôt d’un autre. La hauteur de chacun de leurs points,
celle des huniers, par exemple, varie sans cesse, et 1 officier qui
s’y est établi ne peut connaître la valeur de sa coordonnée ver