INSTRUCTIONS
R EL A T IV E S A LA BOTAN IQU E E T A LA C U L TU R E ,
RÉD IGÉES PAR M. DE MIRBEL.
« Parmi messieurs les officiers de 1 etat-major de la corvette
la Bonite, il en est un que des études spéciales et profondes
placent sur la ligne de nos plus habiles botanistes. Pour la
troisième fois, il entreprend un grand voyage maritime dans
l ’intérêt de la science. Il n’ignore donc nullement la direction
qu’il convient de donner à ses recherches. N’ayant rien à lui
dire qu’il ne sache très-bien, nous nous bornerons à former
des voeux pour qu’il trouve de fréquentes occasions de produire
de nouvelles preuves de ses lumières et de son zèle.
« La relâche de Rio-Janeiro peut nous assurer, pour l’avenir,
des relations utiles. Sans doute, ce point a été trop visité pour
que les herborisations qu’on y ferait nous procurent des
espèces d’un grand intérêt; mais il y existe un riche herbier,
qui pourrait fournir matière à un commerce d’échange.
« La botanique et la culture européenne possèdent déjà
beaucoup de plantes du Chili, soit en herbier, soit dans les
jardins; cependant les terres les plus australes de cette contrée
n’ont pas encore été explorées par les naturalistes. Une relâche
à Chiloé, quelque courte quelle fût, ne serait pas stérile. La
Bonite aura très-probablement doublé le cap Horn en mars,
époque qui, pour ces latitudes, répond à la fin de nos étés!
Alors donc les graines seront mûres, et une abondante moisson
deviendra facile. Dans l ’intérêt de la culture, on recommande
surtout à l’attention des collecteurs les arbrisseaux, et plus
encore les arbres. Nous indiquerons, entre autres, le/a,««.«
obliqua (frêne à feuilles obliques), ou roblé, observé à la Conception
par Dombey, le fagus Dombeyi ou cogué, découvert
également par ce botaniste, et toutes les espèces de conifères
qui se rencontreraient. La plus précieuse peut-être serait l ’a-
raucaria du Chili. Sous le climat de Paris, nous lui faisons
passer l’hiver en serre tempérée, et nous ne le multiplions
que bien diffcilement par bouture. Ce bel arbre donne,
dans son pays natal, une grosse amande nutritive très-savoureuse.
11 supporterait indubitablement le climat de nos
côtes méditerranéennes , et , à plus forte raison, le climat
de la Corse et celui d’Alger. Mais les graines manquent à
nos cultivateurs. Il faudrait nous trouver des correspondants
zélés qui saisiraient toutes les occasions favorables pour nous
en envoyer.
»Laville de Lima possède, sans noms scientifiques d’espèces
et sans classification, un grand herbier du Pérou, dans lequel,
d’après des renseignements que nous avons de justes motifs de
croire certains, il sera permis de prendre les doubles échantillons,
à la charge de numéroter toutes les espèces, et d’en
envoyer les noms au retour de l’expédition. Nous pouvons
donc à la fois enrichir nos herbiers et propager la science au
loin, parmi des bommes qui ne la dédaignent pas, comme il
paraît par le prix qu’ils mettent à leur concession.
« Si les instructions que recevra M. le commandant de la
Bonite ne s’opposent pas à ce qu’il relâche à l’entrée du golfe
de la Californie, nous devons espérer une riche récolte an
profit de la botanique et de la culture. Les deux côtes occidentale
et orientale du golfe n’ont été encore visitées par aucun
naturaliste; et, si nous préjugeons leur température et leur
végétation d’après ce qui a été observé dans certaines localités
situées plus au nord, sous des longitudes peu différentes, nous
penserons qu’elles doivent offrir un grand nombre de types