iJ' eKi't, el il ii’esl pas de connnandant <pii voulût s’y ex-
j)oser. Par une fatalité qu’il ne dépendit de personne de
prévenir, M. Baradère ne s’étant pas annoncé, monta
sur Ai Bonile, justement au moment où M. Vaillant,
tout occupé de son appareillage, ne pouvait avoir des
yeux que pour la manoeuvre. Le consul dut retourner
à terre, el, de sa visite bien involontairement négligée,
il ne resta an capitaine qu’un regret de plus.
(lo u p d ’oe il s u r la ré p u b liq u e d e l’U ru g u a y .
' ' J
• Il
l'i !
I
Les réflexions qui l’occupèrent pendant le reste du
jour se ressentent de celte disposition d’esprit. J’en retrouve
la trace dans nn passage de son journal , où sont
consignées ses observations sur la situation de Montevideo.
Il avait visité celte ville, en sortant de cbez le
président ; il avait vu s’agiter dans les rues cette population
alors tranquille et oublieuse des malbeurs passés ;
son attention s’était portée complaisamment sur les
progrès que dénotaient quelques établissements de création
nouvelle; sur la position avantageuse d’un port,
qui, plus accessible que celui de Buénos-Ayres, semblait
par la force des cboses appelé à devenir l’entrepôt
obligé du commerce de tout le pays. Que manquait-il
à Montevideo pour se développer et giandir? Rien aulre
cbose peut-être que fassurance de jouir longtemps du
calme qu’on y remarquait à cette beure. Mais cette assurance,
qui eût osé la lui promettre? Le mois de novembre
allait ramener l’époque de la réélection d’un président.
Plusieurs candidats se trouveraient en présence;
et dans ces pays, où nulle autorité n’est acquise aux
lois, où chaque ambition trouve des partisans armés,
une élection à faire est ordinairement le signal de nouveaux
bouleversements. D’ailleurs, la puissance rivale
de Buénos-Ayres ne pouvait voir avec plaisir se développer
la prospérité du port de Montevideo. Entre ces
deux républiques opposées d’intérêts, l’une doit tôt ou.
tard dominer l’autre : jusque-là il peut y avoir trêve,
mais une paix durable, jamais? Rosas ne laissait-il pas
déjà percer les desseins qui se sont ouvertement dévoilés
depuis? Que de causes de perturbations sans cesse
renaissantes !
Les peuples nouvellement émancipés portent dans
leur sein tous les ferments d’agitation et d’anarchie,
presque pas un seul élément d’ordre et de stabilité. Il a
fallu, pour secouer un joug ancien, exalter outre mesure
les idées de liberté et d’indépendance ; et cette exaltation
qui survit au renversement du pouvoir abattu,
oppose d’incessantes entraves à l’établissement d’un
pouvoir nouveau. Plus le gouvernement «pi’on essaye
de constituer est libéral et démocratique, plus il laisse
de place aux ambitions déçues et de chances aux tentatives
des factieux. L’anarchie est inévitable. La lilierlé
devient plus funeste que le despotisme lui-même, à un
peuple qui n’y esl pas arrivé graduellement. Bientôt ses
excès font regretter le joug naguère odieux , et la Iran