et compliqua la position du bâtiment, que fatiguaient
de violents roidis. Les rafales diminuèrent cependant
vers le soir; mais la nuit fut très-sombre. Lue brume
très-épaisse en augmentait l’obscurité; la mer était toujours
grosse, et, malgré les deu.v sentinelles qui veillaient
aux bossoirs et qu’on relevait de demi-beure en demi-
benie, M. Vaillant ne crut pas prudent de continuer à
avancer; il se décida à mettre en panne pour attendre
le jour.
A trois heures dn malin, on aperçut un feu à l’horizon,
dn côté du N.E. Ce ne pouvait être la terre, dont
hi Bonite se trouvait en ce moment bien loin; on supposa,
très-vraisemblablement, que le feu aperçu était
celui d’iin navire baleinier qui faisait son buile.
Le jour revint, et l’on remit en route; mais la vue,
bornée de tous côtés parle biouillard, s’étendait à peine
à quelque distance du bâtiment. Ce ne fut que plus
tard qu’il fut possible de distinguer, assez loin derrière
la corvette, une ile de glace, près de laquelle on était
encore passé sans la voir.
L a p o sitio n d e la c o rv e tte com m e n c e à d e v e n ir c ritiq u e .
Plus on avançait, pins on rencontrait de ces glaces
flottantes, entre lesquelles il fallait passer en louvoyant
constamment. Cependant M. Vaillant persista jusqu’au
a3 mai à diriger la route de la Bonite dans l’Ouest et
le Sud, afin de sortir de la zone on régnaient les vents
de N. O . , et de ti-ouver des circonstances plus propices
pour s’élever au Nord. La position commençait à devenir
crilkjue; les Ijaromètres baissaient toujours et ne s’accordaient
plus entre eux ; on ne savait trop (¡u’en penser,
et la préoccupation bien naturelle du commandant
gagnait insensiblement lous ses compagnons de voyage.
La pluie, la neige*, rbnmide brouillard plus insup-
poi'lable encore, cbassaienl du pont les moins délicats;
mais l’inquiétude les y ramenait incessamment. Les con-
versationsdu carré.n’avaient plusqu’un seul olqet, les glaces.
Or, ce sujet, quelque peu agréable qu’il dût paraître,
offrait encore, à (juelq nés caractères beureusement doués,
des occasions de plaisanteries , qui ne laissaient pas de
faire diversion à la contrariété qu’ils éprouvaient tous.
— Que vous semble , Messieurs , du joli mois de mai ?
Il paraît que les poètes qui ont fait sa réputation ne l’ont
jamais vu ici'*. — ^ Comment donc! mais il est cbarmant;
le temps est frais; la brise caressante fait éclore
les fleurs sur vos joues; vous êtes mollement bercés par
toutes les nympbes de la mer, qui paraissent mérne fort
sémillantes, à en juger par la vivacité des mouvements
qu’elles impriment aux vagues argentées ; el puis, voyez
voltiger de toutes parts les oiseaux au brillant plumage,
les majestueux albatros au long bec recourbé, les damiers
bariolés de blanc et de noir, les pétrels de loules
‘ Voir, clans l’album historique, la planche n“ i5.
’ M. Darondeau, noies.
B onife. — Relttlian du vo ya ge . 17